Stimulé par les concerts soulignant les 25 ans de la parution de son premier disque, Louise Attaque a trouvé l’inspiration pour construire un cinquième album. Gaëtan Roussel, Arnaud Samuel et Robin Feix ont passé la cinquantaine et ça paraît : Planète Terre n’a pas la verve enflammée de leurs débuts, mais trouve un point d’équilibre entre nuance et élans rock.

On n’aurait pas parié que Louise Attaque donnerait une suite à Anomalie, paru en 2016. Pas que l’album a été un échec : il a été élu « album rock de l’année » aux Victoires de la musique. Or, le parcours du groupe français étant marqué de ruptures et de hiatus, on ne sait jamais pour combien de temps les musiciens sont de retour.

Gaëtan Roussel le confirme : pour ses collègues et lui, le prochain pas n’est jamais une évidence. Ce qui les a réunis, cette fois, c’est l’envie de souligner sur scène les 25 ans de Louise Attaque, le disque qui a lancé leur carrière de manière fulgurante avec des chansons comme Les nuits parisiennes, Ton invitation et – on n’allait pas l’oublier – J’t’emmène au vent.

Ça nous a fait plaisir de nous retrouver, de rejouer les chansons d’hier. Si on voulait poursuivre l’aventure en tournée, par contre, il fallait qu’on donne des nouvelles d’aujourd’hui.

Gaëtan Roussel, chanteur

Louise Attaque n’est en effet pas le genre de groupe qui se complaît à jouer ses succès passés sans rien offrir de neuf. « On s’est dit que si on veut faire une tournée ou essayer des choses, poursuit Gaëtan, c’est maintenant. »

Gaëtan, Arnaud et Robin se sont imposé une contrainte : un blitz de 25 jours d’exploration chez leur violoniste – clin d’œil aux 25 ans de son album homonyme – pour voir s’ils avaient des idées à se proposer mutuellement. « Il s’est avéré qu’au bout de ces 25 jours, on s’est dit qu’on avait quelque chose à développer et un propos qui justifiaient qu’on fasse un album », résume Arnaud.

Pas de « crise de jeunisme »

Ce « quelque chose » est devenu Planète Terre, un disque assez direct dans le ton, ponctué de rythmes et de pesants, mais agrémenté d’arrangements étoffés : claviers rêveurs ici, piano jazzy là, percussions électroniques et, bien sûr, le violon qui ajoute tantôt du lyrisme, tantôt du drame. Ce cinquième album de Louise Attaque n’est pas rock dans le son, il l’est dans l’esprit.

PHOTO P. A. HÜE DE FONTENAY, FOURNIE PAR LE GROUPE

Arnaud Samuel, Robin Feix et Gaëtan Roussel

Aucun des morceaux n’a la verve enflammée des débuts. On le constate en particulier dans le chant vibrant mais posé de Gaëtan. « Je n’aurais pas chanté comme ça il y a 25 ans, mais on n’aurait pas joué comme ça non plus », dit le chanteur, en soulignant que toute l’attitude du groupe a changé.

« Si je m’étais mis à chanter comme hier, alors qu’autour on jouait comme aujourd’hui, j’aurais été totalement décalé. Après, on espère qu’il y a autant de spontanéité qu’avant même si, dans la manière d’écrire, il y a peut-être plus d’observation et de force tranquille, poursuit-il. Tant mieux si on n’a pas de crise de jeunisme ! »

Vers la lumière

Avec un titre comme Planète Terre, on aurait pu croire que Louise Attaque allait parler de l’état du monde – notamment d’environnement. Ce n’est pas le cas. Le trio regarde le monde à hauteur d’êtres humains, évoque avec empathie l’envie de « sortir de l’ordinaire », de mordre dans la vie (Nous, on veut vivre nous) et bien sûr l’amour (Dézipper, Nous n’aurons peur de rien).

On ne s’étonne pas de voir Louise Attaque afficher son côté romantique ni de poser un regard tendre sur les gens. Un peu plus d’entendre le trio proposer une chanson où il est question de transidentité (Mon cher, aujourd’hui ma chère). « On le vit à travers des gens proches de nous qui vivent cette situation [avec un enfant], explique simplement Arnaud. Ça fait partie de la société et, si on a une envie en tant que groupe, c’est de témoigner avec nos mots et nos notes. C’est une chanson d’amour, qui parle de quête d’identité, d’écoute et de confiance. »

Planète Terre s’achève sur des chansons intitulées Lumière du soir et Lumière du jour. La plus ensoleillée des deux qui clôt le disque, par choix bien entendu. Louise Attaque n’est pas dans l’abattement, le trio prend la vie à bras le corps.

« Tant mieux s’il y a de l’enthousiasme sur ce disque, quelque chose qui va de l’avant, se réjouit Gaëtan. Il y a des textes où le ciel est plus bas que dans d’autres, mais dans l’absolu, s’il y a de la lumière, c’est ce qu’on veut. Ça passe par un mot, par un titre à la fin, par un rythme. On essaie surtout de faire de bonnes chansons du mieux qu’on peut. »

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