S’il y a bien une chose que l’on ne peut reprocher à Taylor Swift, c’est de se répéter. Pourtant, son 10e album, Midnights, est aussi rafraîchissant que familier. La musicienne tient entre ses mains une formule qui la sert toujours, celle qui consiste à raconter ses amours et ses peines au moyen d’une pop impeccable.

C’est une chose fascinante à constater, cette façon qu’a Taylor Swift de déposer sur un disque des pièces qu’elle seule aurait pu écrire, mais qu’on n’aurait pu anticiper. On ne sait pas où l’attendre. Mais lorsqu’on écoute ce qu’elle a façonné, on a tout de suite le sentiment de retrouver quelque chose de familier. Non pas redondant, mais marqué d’un sceau si distinct qu’il en est réconfortant. Pour ceux qui apprécient son œuvre, Taylor Swift propose des chansons-refuges, des chansons-échappatoires. Une pop-réconfort.

Cet album, contrairement aux deux opus qui le précèdent, n’a pas cette douce qualité des ballades qui vous enrobent et vous bercent. Il est plus affirmé, sur le plan tant des productions que de la (superbe) réalisation. La façon de chanter de Swift est péremptoire, retrouve ce rythme saccadé qu’on lui connaît. La plume de l’auteure-compositrice-interprète est toujours aussi vive, parfois très littérale et descriptive, d’autres fois joliment métaphorique. Jack Antonoff, qui a largement coécrit et entièrement coréalisé l’album, laisse de nouveau les traces de son génie sur le disque de sa collaboratrice chouchou.

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Midnights s’inscrit bien plus dans la lignée de Reputation ou de 1989 que de ses deux albums pandémiques, folklore et evermore, des parutions qui marquaient la période folk de Swift. Ce n’est pas une douce transition vers autre chose. L’auteure-compositrice-interprète effectue ici un nouveau virage abrupt. On n’est surpris ni par la forme ni par le fond des chansons qu’elle propose aujourd’hui. Elles répondent à la recette pop que Taylor Swift maîtrise comme peu d’autres. Ce que Midnights a d’étonnant, c’est qu’il aurait pu être un millier d’autres choses, tant l’Américaine se permet de passer d’un style à l’autre.

Cette fois, on est dans la pop teintée d’électro, les synthés en vedette. Midnights puise dans les courants actuels, de la house (subtile) à la dream pop. Comme souvent, la direction que l’artiste a décidé de prendre lui réussit. Elle présente ce carnet retraçant 13 nuits sans sommeil, une épopée à travers « les terreurs et les beaux rêves ».

« Lately I’ve been dressing for revenge », lance Taylor Swift, fidèle à elle-même, sur Vigilante Shit. Encore une fois plane sur son album un air de reddition de comptes. Encore une fois, il est agréable d’entendre la chanteuse raconter qui l’a blessée, mais aussi narrer ses plus beaux moments d’amour et assumer certains de ses torts. Certains s’en lasseront peut-être, mais nous sommes d’avis qu’elle est loin d’avoir épuisé le filon. La touche intime et à la fois universelle de Swift fait son effet.

Il est bien rare que la chanteuse invite d’autres artistes à chanter avec elle sur ses morceaux. La voix de Lana Del Rey est la seule autre que l’on entend sur Midnights. Snow on the Beach est une très belle collaboration, de laquelle on attendait toutefois un peu plus (la présence de Del Rey est peut-être trop discrète).

La superbe You’re on Your Own, Kid, la vibrante et osée Midnight Rain et la ballade Sweet Nothing sont parmi nos favorites. Toutes très différentes, elles appartiennent à la fois à un ensemble cohérent. Midnights est le 10e album de celle qui s’est lancée en grattant des accords country sur sa guitare acoustique. Taylor Swift est de ces artistes qui font toujours mieux. Les albums folklore et evermore marquaient un sommet dans son répertoire. Sans tout à fait les surpasser, Midnights garde le cap. Depuis quelques années, Swift nous convainc de rester fidèles au poste, impatients d’entendre la suite.

Midnights

Pop

Midnights

Taylor Swift

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8/10