Ceux qui gardent un œil sur les arts visuels au Québec connaissent le nom de Moridja Kitenge Banza. Ce qu’on sait moins au sujet de l’artiste originaire de République démocratique du Congo, c’est qu’il est aussi chanteur… de charme !

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Moridja Kitenge Banza a fait son chemin depuis qu’il a posé ses valises au Québec, il y a 10 ans, après avoir étudié les beaux-arts à Kinshasa, en RD Congo, et à Nantes, en France. Il multiplie les expos ici et à l’étranger et l’une de ses œuvres, Christ Pantocrator no 10, a même été acquise l’an dernier par le Musée d’art contemporain de Montréal.

Or, pendant tout ce temps, dans l’ombre, Moridja écrivait, composait et chantait aussi des chansons. Des chansons d’amour qu’on pourra entendre ce jeudi, au Balattou, dans le cadre du Festival international Nuits d’Afrique.

Les deux pratiques coexistent depuis toujours [chez moi], mais comme je suis très, très occupé par ma pratique en arts visuels, je n’ai pas beaucoup mis de l’avant ma musique.

Moridja Kitenge Banza

Ce choix s’explique aussi par sa trajectoire personnelle. Bien que, en RD Congo, la musique ne soit pas historiquement réservée à une caste comme c’est le cas en Afrique de l’Ouest, ses parents ne voyaient pas ses ambitions musicales d’un bon œil. « À l’époque, c’était plus associé à des jeunes un peu voyous », explique-t-il.

Il n’a jamais cessé de chanter pour autant. Il a fait partie d’un chœur, a écrit pour d’autres et enregistré quelques morceaux qu’il publie sur l’internet sous son nom depuis au moins une décennie, « sans pour autant en faire quelque chose de professionnel ». Son style ? Pop, au sens très large : Eza Yo est très europop, Fou de toi flirte avec le dancehall et Mademoiselle, avec le reggaeton. Sur Tika Zuwa, par contre, qui est une chanson relativement récente, on reconnaît les rythmes et les notes découpées caractéristiques de la rumba congolaise.

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« En arts visuels, je suis un artiste multidisciplinaire, alors je touche à beaucoup de médiums. C’est un peu pareil en musique : je touche à beaucoup de styles, explique-t-il. La base de ma musique, ça reste la rumba congolaise avec laquelle j’ai grandi et la soul de Motown, que mon père écoutait beaucoup. »

Il y en aura assurément au programme du concert de jeudi au Balattou, puisqu’il souhaite entre autres présenter quelques reprises en hommage à des chanteurs congolais qu’il aime beaucoup. Le ton restera toutefois intimiste, assure Moridja. « On se repose en prenant un petit verre, illustre-t-il. Je serai accompagné d’un trio acoustique – piano, guitare et percussions – et on va [surtout] jouer des chansons que personne n’a entendues. C’est un peu un avant-goût de mon EP qui sort en septembre. »

Moridja, qui affiche une voix enjôleuse, va surtout chanter des chansons d’amour, prévoit-on, après avoir entendu celles qu’il a publiées sur l’internet jusqu’ici.

En arts visuels, je traite tellement de sujets politiques, de la décolonisation et de questions identitaires que j’ai choisi, en musique, d’aborder des sujets très légers qui me permettent de me reposer intellectuellement. Ma musique, c’est une histoire d’amour et d’eau fraîche !

Moridja Kitenge Banza

Son EP, intitulé Rumba & Blues – joli clin d’œil aux initiales du R&B qui a bercé sa jeunesse –, sera précédé du dévoilement d’une nouvelle chanson d’ici le début du mois d’août. « Les gens vont assister au début de quelque chose de génial », s’enthousiasme le sympathique artiste, qui espère bien pouvoir faire des concerts si sa carrière en arts visuels le lui permet. « J’ai beaucoup d’expos qui s’en viennent. Dès que les expos sont lancées, les concerts vont commencer ! »

Moridja est en concert jeudi, 20 h 30, au Balattou, dans le cadre du Festival international Nuits d’Afrique

Nuits d’Afrique au Quartier des spectacles

Sa programmation en salles bien entamée, le Festival international Nuits d’Afrique a lancé mardi son volet extérieur dans le Quartier des spectacles. En plus de concerts et d’activités musicales aux « cabarets » Nuits d’Afrique et Tombouctou, il sera notamment possible d’assister à un spectacle son et lumières et à des captations d’anciens concerts de clôture du festival de Meiway (jeudi), Tabou Combo (vendredi), Black Bazar (samedi) et Orquestra Aragon (dimanche) projetés sur la façade de la Maison symphonique, rue Saint-Urbain. Une exposition de photos permet aussi de retracer l’histoire de l’évènement, qui souligne cette année ses 35 ans d’existence.