Elle a une tronche, elle a une dégaine, elle a du chien. Elle a cette insolence rieuse qui nous la rend irrésistible. Charisme énooorme ! On n’a pas à être archi fan de chant jazz pour tomber sous le charme de Cyrille Aimée, une des plus rafraîchissantes à ce titre.

Une contrebasse (Philip John Kuehn) et un piano (Adrean Farrugia) constituent la rampe de lancement qui la fera décoller très haut… avec nous dans la navette. Vendredi soir, en tout cas, l’auditoire du Gesù était suspendu à ses lèvres.

Française transplantée aux États-Unis, la soliste ne réinvente certes pas la forme, son corpus n’a rien d’avant-gardiste ou d’actuel (sauf l’usage des boucles enregistrées en temps réel), mais son engagement rétro nuovo dans l’esthétique est sincère et brillant. Superbes inflexions, phrasé aguerri, sens aigu du scat et de l’onomatopée, et pourtant une puissance vocale dans la moyenne, et pourtant un répertoire conformiste.

Elle s’adresse en français au public qu’elle aura rapidement mis dans le corsage de sa robe et les frisettes de son épaisse coiffure. Elle chante surtout en anglais, parfois en français dans ce programme consacré à l’œuvre de Stephen Sondheim, très grand auteur-compositeur de comédies musicales.

Ainsi s’enchaînent pendant une heure et demie Loving You, One More Kiss, Being Alive et autres I Remember. Chaque chanson au programme est superbement mise en contexte avant son interprétation pour le moins incarnée, parfois expansive, parfois déchaînée, caline, sensuelle, espiègle, joyeuse.

On comprendra que Cyrille est très Aimée… partout où elle monte sur scène.