De passage à Montréal avant de se diriger vers Ottawa où elle animera le concert de mi-temps de la Coupe Grey ce week-end, la Canadienne Shania Twain est en grande forme, souriante, et heureuse d'être de retour, après la frayeur de ne plus pouvoir chanter et la longue pause qui s'en est suivi.

Le nouvel album de Shania Twain, Now, sonne un retour après 15 ans d'absence, alors que l'étoile de la country-pop a dû retrouver sa voix que la maladie de Lyme a menacé de lui voler.

Ce mal contre lequel elle se bat depuis 15 ans a endommagé ses cordes vocales de façon permanente, lui imposant une pause alors qu'elle traversait au même moment un divorce pénible avec Robert «Mutt» Lange, son associé de toujours.

Le test décisif pour sa carrière est survenu lorsque le Caesars Palace l'a pressentie pour une résidence de deux ans à Las Vegas, en 2011.

«J'avais un an pour me préparer et ça m'a forcée à faire de la thérapie [vocale], explique l'artiste. Je me suis dit que si je ne pouvais pas le faire d'ici la soirée d'ouverture, je ne le ferais jamais, je fermerais la porte pour toujours et ne sortirais plus d'album.»

La série de concerts a été un succès, raconte-t-elle, ce qui l'a encouragée à se lancer dans la création de son cinquième opus.

À 52 ans, bien qu'elle n'ait plus rien à prouver après une prolifique carrière, la chanteuse nous revient avec une oeuvre façonnée de ses mains seulement, elle qui avait toujours eu l'appui de Lange, son ex-mari et producteur. Dans une ère où les collaborations sont coutume, c'est d'un besoin viscéral de créer, et de créer seule, qu'est né cet opus, 15 ans après son dernier.

«La décision est partie d'une envie d'indépendance, c'était très important pour moi de faire ça moi-même.»

Elle assure cependant qu'elle ne renouvellerait jamais l'expérience de produire tout un album seule, le plus gros défi de sa carrière.

«Sonner comme Shania»

Il lui a fallu réapprivoiser sa voix. «Pour sonner comme Shania, je dois utiliser mes cordes vocales différemment, manipuler la musculature pour obtenir le même son», dit-elle.

Les lésions causées par la maladie ont demandé une rééducation pour qu'elle apprenne à créer les intonations qui lui étaient propres, à la manière d'une imitatrice. «Je ne serai plus jamais aussi juste que je l'étais, reconnaît-elle toutefois. Je dois accepter que c'est la façon dont je chante maintenant et si mes fans sont satisfaits, je vais continuer de chanter.»

L'expérience de composition de Now lui a également fait redécouvrir son écriture créatrice, bien qu'elle n'ait jamais cessé d'écrire.

«Même si je ne chantais plus, je continuais d'écrire. Des poèmes, des histoires, de la musique aussi.»

Lorsqu'est venu le temps de composer pour l'album, elle a pu compter sur tous ces éléments amassés au fil des ans, pour un produit extrêmement diversifié, en ce qui concerne les textes et le style. «Ce n'est pas étonnant, après toutes ces années à récolter des expériences et des idées», constate Twain.

Alors qu'elle s'est séparée personnellement et professionnellement de son ancien partenaire, celui qui avait composé le célèbre riff de Man, I Feel Like a Woman, Shania n'a pas voulu «tout de suite chercher un autre collaborateur». Mais l'expérience de se lancer seule a été « terrifiante», raconte la chanteuse.

«J'ai beaucoup aimé la liberté que j'avais, [mais] il y a un risque à assumer toute la responsabilité, que je ne peux pas partager.» Elle n'avait ainsi personne pour l'influencer, mais personne non plus pour la guider parfois, lui insuffler une mélodie ou des paroles.

«C'était l'expérience créative la plus personnelle de ma vie, confie-t-elle. C'était un album extrêmement important pour moi.»

Shania Twain sera au Centre Bell dans le cadre de la tournée Now le 26 juin 2018.