David Bowie en favori, Leonard Cohen également nommé à titre posthume, George Michael à l'honneur: la 37e cérémonie des Brit Awards, mercredi soir à Londres, fleure bon la nostalgie tout en accordant plus de place à la diversité.

Si Hollywood a ses Oscars, la musique britannique a ses «Brits», véritable fierté nationale qui célèbre une industrie pesant près de 5 milliards d'euros et comptant parmi les principales exportations du pays.

«En 2016, un album sur six vendu dans le monde est l'oeuvre d'un artiste britannique», a souligné mercredi dans le Times Jason Iley, le président des «Brit Awards», rappelant que le Royaume-Uni «montre la voie depuis toujours en musique, des Beatles et des Rolling Stones à Adele et Ed Sheeran».

Ce dernier sera l'une des têtes d'affiche mercredi soir à l'O2 Arena où il partagera la scène avec Katy Perry, Robbie Williams, Little Mix, Bruno Mars, Emeli Sandé, Skepta et The 1975.

Mais les yeux des milliers de spectateurs seront d'abord braqués vers le ciel.

Un peu plus d'un an après sa mort, David Bowie part favori chez les parieurs pour décrocher, après 1984 et 2014, une troisième récompense d'artiste britannique de l'année.

Il sera en compétition avec Craig David, Kano, Michael Kiwanuka et Skepta, qui a gagné le Mercury Prize avec son album Konichiwa et s'annonce comme son concurrent le plus sérieux.

Bowie est également bien placé pour gagner dans la catégorie reine de l'album de l'année, avec Blackstar, sorti deux jours avant sa mort le 10 janvier 2016.

Ce serait une revanche sur les Grammy Awards, pour lesquels l'album testament n'avait pas été présélectionné, même si Bowie a finalement remporté cinq autres récompenses à Los Angeles.

Un autre grand disparu est en lice aux Brits avec le chanteur canadien Leonard Cohen, décédé le 7 novembre dernier. Il figure parmi les cinq nominés dans la catégorie de meilleur artiste solo international masculin avec Bon Iver, Bruno Mars, Drake et The Weeknd.

Sélection «trop blanche»

Un hommage, tenu secret par les organisateurs, sera par ailleurs rendu au chanteur George Michael, retrouvé mort le jour de Noël.

Dans la catégorie de meilleur artiste solo international féminin, Beyoncé et sa soeur Solange sont en compétition avec Rihanna, Sia et la Française Christine and the Queens.

Adele, qui a fait un carton aux Grammys, est elle nominée dans une catégorie seulement, celle du meilleur clip avec Send My Love (To Your New Lover).

En recevant le Grammy du meilleur album, Adele avait déclaré que Beyoncé méritait ce prix pour son album-concept Lemonade. La superstar afro-américaine a remporté 22 Grammy mais jamais dans la plus prestigieuse catégorie malgré trois nominations, ce que ses fans ont attribué à des préjugés raciaux.

En 2016, les «Brits» avaient d'ailleurs été accusés d'avoir retenu une sélection «trop blanche». Les organisateurs ont rectifié le tir cette année en nominant notamment quatre artistes de couleur aux côtés de David Bowie pour la récompense de meilleur artiste britannique.

En près de 40 ans, seuls trois artistes noirs ont gagné ce prix, le dernier par Dizzee Rascal en 2010.

Chez les femmes, la victoire en 2013 d'Emeli Sandé, de nouveau en lice pour la récompense de meilleure artiste britannique, a été la seule de ces treize dernières années.

Keith Harris, responsable de la promotion de la diversité dans la musique britannique, a salué les efforts des organisateurs. «Cela pourrait constituer un tournant, a-t-il dit, tout en se méfiant d'une «réaction sans lendemain».