Arctic Monkeys en rotation à CHOM, d'accord, mais à NRJ? Qui l'aurait cru il y a cinq ans. Nous étions alors en plein âge d'or de l'indie rock aux arrangements exploratoires. Arcade Fire faisait figure d'ambassadeur de ce mouvement qui englobait aussi Wolf Parade, Clap Your Hands Say Yeah, The Walkmen, Beirut et Grizzly Bear, pour ne nommer que ceux-là.

Osheaga est né en 2006, en plein dans cette mouvance. Au fil des années, l'électro et le rap ont pris de la place dans sa programmation. Des têtes d'affiche plus rassembleuses comme Eminem et Coldplay ont permis au festival de devenir rentable.

Des groupes naguère considérés comme indie rock sont devenus plus grand public, à l'exemple de Vampire Weekend. À l'image du grunge, l'esprit de l'indie rock s'est édulcoré. Aujourd'hui, porter des jeans skinny et des lunettes fumées Ray-Ban n'a plus rien d'underground ou de hipster (pour employer ce mot interdit).

Ce qui a marqué l'année rock 2013-2014? Le retour du rock sur les ondes radio, notamment sur l'antenne montréalaise de NRJ.

Depuis quelques années, NRJ peinait à se démarquer des Rythme FM et Rouge FM, qui ont voulu rajeunir leur auditoire en faisant jouer de la pop, et des stations anglophones très populaires de type top 40 (Virgin). D'où le virage rock du 94,3.

Si on entend plus de rock à la radio, c'est peut-être parce que plus de groupes reviennent à un son typiquement rock'n'roll aux refrains accrocheurs, qu'il s'agisse de Half Moon Run ou de Young the Giant. Les nouveaux groupes montréalais Le Trouble et Heat ne cachent pas leurs intentions de proposer du rock radio-friendly.

Mais l'expression radio-friendly n'a plus la connotation négative qu'elle a déjà eue. La preuve: le groupe Arctic Monkeys n'a rien de «quétaine», même s'il figure dans le palmarès de NRJ. Et tout en haut de l'affiche du festival Osheaga, où le contingent rock est très bien représenté.

À surveiller

Jack White

On sait l'ex-White Stripes fan de country depuis qu'il a ressuscité Loretta Lynn. On le sait Americana, les racines de cette culture continentale infusant dans la plupart de ses productions. On le sait féru de tous les sous-genres et excroissances de la culture rock. On le sait maîtriser à la guitare tous les riffs rock et blues de l'univers connu.

Ses deux albums solo (Blunderbuss en 2012 et Lazaretto, lancé en juin dernier) contiennent tous ces ingrédients et atteignent leur plein potentiel sur scène. Et puisqu'on le sait capable de diriger des formations explosives, abrasives, corrosives, on sera prêt à affronter l'éruption. - Alain Brunet

Samedi, 21h05, scène de la Rivière.

Photo: AP

Jack White

The Replacements

Ce groupe de Minneapolis infirme ce préjugé voulant que le rock des années 80 ait été sans intérêt. Les amateurs de cette époque se souviennent d'escales mémorables du band au regretté Spectrum de Montréal. Le groupe était alors formé de l'excellent chanteur, compositeur et parolier Paul Westerberg, des frères Bob et Tommy Stinson (guitare et basse) et du batteur Chris Mars.

Certains ont été remplacés au tournant des années 90, et le groupe a disparu de la carte pour ressurgir deux décennies plus tard. Le noyau des Replacements est aujourd'hui constitué de Paul Westerberg et Tommy Stinson, auxquels peuvent se joindre différents musiciens, dont le guitariste et chanteur Billie Joe Armstrong (Green Day). - Alain Brunet

Dimanche, 19h20, scène de la Rivière.

Photo: AP

Paul Westerberg

Arctic Monkeys

Que font ces Anglais depuis qu'ils ont été consacrés par un authentique succès viral en 2006? Il faut écouter les albums Whatever People Say I Am, That's What I'm Not, Favourite Worst Nightmare, Humbug, Suck It and See et AM pour réaliser que ces garçons de la classe moyenne n'ont d'autre objet que de créer de très bonnes chansons ancrées dans les traditions rock et brit-pop. Chansons simplement construites, sans prétention aucune.

Cette humilité conceptuelle a payé, force est de le constater: sept Brit Awards et le prestigieux Mercury Prize au-dessus de la cheminée. Sur scène, c'est idem depuis les débuts d'Arctic Monkeys; cela ne risque pas de changer ce week-end. - Alain Brunet

Dimanche, 21h20, scène de la Rivière.

Photo: AP

Alex Turner

The Men

Dire de ces mecs from Brooklyn qu'ils sont punks est assurément réducteur. The Men font aussi dans le rock de garage, dans le noise, le psychédélisme mais aussi dans le folk rock et la chanson rock de concepteurs issus des générations précédentes. Sorte de croisement entre The Replacements, Hüsker Dü, Fugazi, Bob Dylan, Bruce Springsteen et plus encore!

L'accompagnement est sale, hirsute, touffu, de plus en plus compétent au fil de cinq albums parus en moins de cinq ans. Les chansons, elles, n'ont rien de touffu: très majoritairement, elles sont fort bien construites et interprétées par des bardes inspirés et fervents - Mark Perro (chant, guitare, claviers), Nick Chiericozzi (chant guitares), Rich Samis (batterie), Kevin Faulkner (basse et guitare lap steel). Des hommes, des vrais!

Demain, 20h10, scène des Arbres.

Photo: fournie par evenko

The Men