En 2015, Kassav demeure « ze » supergroupe zouk, fameux rythme de Guadeloupe et Martinique qui enchaîne les tours de Terre depuis sa lancée internationale dans les années 80.

KASSAV

Soucieuse de répandre la bonne nouvelle, la formation antillaise accompagne parfois des artistes marquants du style, réunis sous la bannière Le Grand Méchant Zouk, qui fera escale pour la première fois à Montréal.

Jean-Marc Ferdinand, Frédérick Caracas, Luc Léandry et Shoubou seront ainsi accompagnés par Kassav. L'initiative est de Jacob Desvarieux, multiinstrumentiste, arrangeur, réalisateur (Wyclef Jean, Passi) et membre-clé de Kassav.

Joint en tournée avant l'escale montréalaise, il rappelle le concept : 

« Ces artistes ont du succès chez nous et plus encore : leurs chansons ont marqué une époque. Si certains artistes zouk ont été la saveur du moment, ceux qu'on invite ont créé un répertoire qui reste. C'est le premier critère de leur invitation. Frédérick Caracas a été bassiste avec Kassav, mais il avait accompagné d'autres chanteurs auparavant et composé lui-même des chansons importantes. Luc Léandry, c'est pareil, il s'est fait connaître à la fin des années 80 et joue de plusieurs instruments. Jean-Marc Ferdinand, lui, était dans le style gwoka avant de faire dans le zouk. »

COUP DE CHAPEAU À TABOU COMBO

Hormis ces chanteurs de Martinique et de Guadeloupe recrutés par le Grand Méchant Zouk, une figure de proue du konpa haïtien sera de la partie : Roger-Marie Eugène, dit Shoubou, chanteur de l'incontournable Tabou Combo : 

« Ce groupe a beaucoup influencé Kassav, c'est clair. Pour nous, c'est un honneur de travailler avec un membre de Tabou Combo. Nous avons tellement en commun avec Haïti ! On ne peut pas aimer le zouk si on n'aime pas le konpa. Les différences sont minimes. C'est comme comparer le rock anglais au rock américain. »

En plus d'assurer une heure de concert aux Nuits d'Afrique, Kassav devient donc un groupe d'accompagnement : « Nous adaptons nos arrangements aux chansons de nos invités pour que tous soient contents. Pour ces artistes comme pour le public, il est bien que les versions de leurs chansons soient différentes. »

Le Grand Méchant Zouk existe depuis 1988. Il a été présenté en Europe, dans les Antilles ainsi qu'en Afrique. Aux côtés de Kassav, ont pu bénéficier de ce plateau les Tanya St-Val, Slaï, Sael, Daly, Kaysha, Admiral T, Jean-Philippe Marthély, Volt'Face, pour ne nommer que ceux-là.

« À cause de ces tournées spéciales, certains artistes antillais ont eu beaucoup plus de succès que prévu. Et ceux qui étaient déjà confirmés ont pu faire de plus grandes salles par la suite », dit Jacob Desvarieux.

Quant au zouk en tant que tel, notre interviewé y voit une évolution plutôt tranquille : 

« C'est un style encore jeune, il faut le dire. Le zouk a progressé lentement dans les Antilles ; [il y a bien] quelques idées et technologies nouvelles, mais nous sommes encore assez proches de ce que c'était au départ. Or, l'évolution du zouk est plus marquée en Afrique, particulièrement en Angola, au Mozambique ou dans les îles du Cap-Vert. C'est le résultat de nos voyages là-bas, amorcés il y a plus de 30 ans. On s'y est réapproprié cette musique et on l'a adaptée aux cultures régionales. Alors qu'aux Antilles, on est plutôt resté sur des acquis. Quand le zouk aura l'âge du rock, cependant, on verra des différences beaucoup plus considérables. »

Chose certaine, un vaste public a encore une faim... de zouk !

Au Métropolis dimanche, 20 h 30, dans le cadre de Nuits d'Afrique.