À travers l'opus D'étoiles, de pluie et de cendres, joué ce soir devant public, le chanteur porte un regard lucide sur son existence. Pas toujours beau, parfois très beau. On y contemple la quête, les ombres et les lumières de Guillaume Beauregard.

Autobiographie différée?

«On pourrait dire ça de même», acquiesce calmement le trentenaire, figure de proue des Vulgaires Machins dont on sait la pause d'une durée indéterminée.

«J'hésite à parler directement de ma vie privée, mais, comme n'importe qui, j'ai eu mes bouts rock'n'roll. Par mes chansons, j'ai passé ce qui devrait sortir, sans m'inventer un personnage. Il n'y a pas de fiction dans ces textes; je n'ai rien ajouté pour les rendre plus intéressants. Tout ça m'appartient.»

S'engager autrement

Hors des Vulgaires Machins, l'auteur, compositeur et interprète a ainsi choisi l'intériorité et l'environnement intime comme matières premières. L'amour des proches bon gré, mal gré, la loyauté, la dépendance, la perte, la vacuité.

«Il me fallait trouver comment écrire autrement, comment contourner mes propres clichés, éviter ce qui m'était devenu familier dans les chansons des Vulgaires Machins. Je l'ai trouvé en étant plus proche de moi-même, dans le reflet de ma propre vie.»

On connaissait l'engagement des Vulgaires Machins. On connaissait le sens critique, le ton caustique et la propension à l'indignation du plus célèbre band punk franco-québécois. On connaissait moins la marmotte intérieure de son frontman.

Avant de reprendre goût à la scène, Guillaume Beauregard a fait quelques séjours en studio chez son complice Gus van Go, ex-Me Mom&Morgentaler transplanté à Brooklyn où il mène une carrière de réalisateur.

«J'ai commencé à travailler avec lui sans avoir de contrat de disques. Gus avait fait les trois derniers albums des Vulgaires, il faut dire. Il fut mon principal intervenant du début à la fin. J'étais en confiance avec lui, humainement et professionnellement. J'avais besoin d'un guide qui me permettrait de réussir la transition. Ensemble, nous avons échangé des idées avant que la première note et le premier mot ne me viennent à l'esprit. Après, il fallait que tout parte de la chanson, peu importe la réalisation, les arrangements, les instruments.»

Sur scène

La résultante, a-t-on observé l'automne dernier, se démarque clairement des Vulgaires Machins, signature Indica. En solo, d'ailleurs, Guillaume Beauregard est une signature La Tribu. «Je voulais travailler avec d'autres gens, voir comment d'autres travaillent. Les gens d'Indica sont d'une intégrité irréprochable, mais, à un moment donné, des automatismes s'installent. Il me fallait aller voir ailleurs.»

Impossible alors d'éviter la question: la carrière solo risque-t-elle de l'emporter?

Et voici la concrétisation sur scène du répertoire issu D'étoiles, de pluie et de cendres, auquel quelques surprises figurent au programme. Selon le principal intéressé, c'est parti!

«Nous avons fait Québec et Jonquière. Vraiment, ça s'est bien passé! Thomas Augustin [de Malajube et Jacquemort] fait les claviers, Alex Crow [Xavier Caféïne, etc.] est aux guitares, Pat Sayer [Ariane Moffatt, Xavier Caféïne, etc.], à la batterie, Ryan Battistuzzi [sonorisateur des Vulgaires, super musicien], à la basse. Sauf le batteur, tout le monde chante et participe aux harmonies vocales. Je voulais de bons joueurs, mais aussi une belle chimie. Avec un tel niveau de musiciens, ça s'est mis ensemble assez vite!»

Devant public, Guillaume Beauregard a tenu à soigner les enchaînements de ses chansons.

«J'en ai vu, des shows et je trouve que, généralement, les bands n'ont pas grand-chose à nous dire lorsqu'ils ne jouent pas. Quand j'étais petit, mes parents faisaient jouer un enregistrement public de Michel Rivard. La qualité de ses présentations de chansons m'avait marqué. Je me suis inspiré de ces souvenirs d'enfance pour casser ce pattern.

«Ainsi, je travaille avec François Bernier, un gars de théâtre, auteur et acteur qui a travaillé à la tournée acoustique des Vulgaires. Grosso modo, la trame de ce spectacle est celle de ma quête: passer d'un band punk à un projet personnel et intime. C'est aussi une façon d'en rire tout en disant quelque chose sur la vraie vie. Sur les émotions de la vraie vie.»

Au Gesù mercredi soir, 20h, dans le cadre de Montréal en lumière.