Il y a de ces rivalités qui restent toujours aussi vives. Et celle qui existe entre le Québec et la France n'a pas son pareil! Pas étonnant que Juste pour rire lui consacre tout un gala.

Dans le coin droit, Rachid Badouri représentera fièrement, ce soir et demain, le Québec. Dans le coin gauche, son complice Éric Antoine, humoriste et illusionniste, portera l'étendard de la France sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier. Ils seront rejoints sur scène par des humoristes des deux côtés de l'Atlantique, comme Laurent Paquin, Eddy King, Olivier Martineau, Neev, Adib Alkhalidey, Jérémy Demay ou encore Elie Semoun. Questionnaire croisé avec les deux animateurs.

Comment vous êtes-vous rencontrés?

R.B.: C'était lors d'une visite du Théâtre Trévise à Paris où j'allais jouer mon spectacle. Éric sortait de scène avec un plâtre et une canne. En voyant ce grand gars de 6'9, je me suis vraiment demandé qui il était! On avait échangé nos numéros de téléphone. Un jour, je me suis permis de l'appeler pour épater mon petit neveu qui est son plus grand fan. Je lui avais demandé des billets pour son spectacle et il a non seulement accepté, mais il a pris le temps de le rencontrer! Ça a vraiment cliqué à partir de ce moment. Je ne voulais pas animer de gala au début à cause de mon horaire, mais quand j'ai su que c'était avec lui, j'ai changé d'avis.

É.A.: La première fois que je l'ai vu, c'était en 2006 alors qu'il était sur scène. Mais la première fois qu'on s'est vraiment rencontrés, c'était au Théâtre Trévise. Un jour, il m'a appelé pour son petit neveu et je l'ai invité. Je crois qu'il m'a trouvé fort sympathique. Moi, ça me paraissait normal, mais lui, ça l'a touché. Gilbert [Rozon] m'a proposé d'animer un gala et quand j'ai su que c'était avec Rachid, j'ai accepté. C'est un performeur, un showman au croisement des genres. J'aime les gens capables de développer plusieurs compétences artistiques pour faire un spectacle. On est de la même famille de fous!

Votre première impression en le voyant sur scène?

R.B.: On se ressemble beaucoup: c'est, tout comme moi, un malade mental sur scène; il est très expressif et physique. C'est un humoriste avant d'être un magicien, selon moi, même s'il excelle dans les deux. Il fait rire avant même de faire de la magie. Je le décrirais comme Passe-Montagne sur l'acide!

É.A.: J'ai pensé d'emblée qu'il était une bête de scène. Un soleil qui envoie de bonnes vibrations très loin. J'aime les gens qui, comme lui, ont un monstre à l'intérieur! C'est aussi un boulimique de boulot. Je respecte ça chez lui.

À quoi doit-on s'attendre dans ce gala?

R.B.: On s'en donne à coeur joie avec la rivalité Québec-France. Mais on parle aussi de choses flagrantes comme notre différence de taille ou de pilosité. Ça va être un mélange de tout ce que j'aime sur scène: des blagues, de la danse, de la folie et de la magie.

É.A.: L'idée, c'est de travailler sur les différences, bien entendu, entre le Québec et la France, mais aussi les nôtres. On va aussi finir par se pencher sur ce qui nous unit.

Ce que vous aimez le plus du pays d'origine de votre partenaire de scène?

R.B.: J'aime la diversité culturelle de la France. Et que ce soit le Hollywood francophone des artistes d'ici.

É.A.: Au Québec, j'adore les gens! Les Français sont plus durs à rencontrer, plus fermés de prime abord. Ici, on est plus ouvert tout de suite. Je trouve ça magnifique, car ça permet de faire plus de choses ensemble.

Ce que vous aimez le moins du pays d'origine de votre partenaire de scène?

R.B.: L'administration française. Quand tu arrives d'Amérique du Nord, c'est vraiment tout un clash.

É.A.: La nourriture est moins bonne que chez nous. De loin!

La plus grande qualité et le plus grand défaut de votre partenaire?

R.B.: Sa plus grande qualité est aussi son plus grand défaut: son grand coeur. Il dit oui à tout. C'est un des artistes qui fait le plus de collaborations avec d'autres. Il prépare même des numéros de magie humoristique pour toi!

É.A.: Rachid est en retard! Pour moi, être ponctuel est super important. Sa grande qualité est sa générosité.

Travailler avec lui a-t-il été chose aisée?

R.B.: Ça n'a pas été facile à cause de la distance. Composer un duo sans être ensemble, c'est dur. On aime tous les deux toucher, vivre le moment. Travailler par Skype n'est pas idéal. J'avais hâte qu'il arrive. Mais on a fait des miracles avec l'équipe qui nous entoure. Ça a été frustrant parfois.

É.A.: C'est un peu comme les relations d'amour à distance: on ne se comprend plus, on n'a plus le temps de se parler et les choses deviennent épineuses alors qu'elles ne le seraient pas si on était face à face. Ni l'un ni l'autre, on n'y a trouvé notre compte. Heureusement, Christian Viau, le metteur en scène, et son collègue coauteur Julien Tapp nous ont aidés à arriver avec quelque chose de très défini.

Votre humoriste préféré dans le pays d'origine de votre partenaire de scène?

R.B.: J'adore Bun Hay Mean qui a débuté au Jamel Comedy Club. Il est fou, c'est un punch toutes les 10 secondes! J'aime aussi le comte de Bouderbala et Claudia Tagbo.

É.A.: J'aime bien Vincent C, ce côté rock'n'roll, trash, sur le fil. Il participe au dépoussiérage de la magie.

Vos projets au cours des prochaines semaines?

R.B.: Je présente l'Ethnic Show de Just For Laughs en anglais. On travaille sur la rentrée française en septembre avec l'adaptation de Rechargé là-bas. Et la version française de De père en flic va sortir en novembre.

É.A.: Je suis sur scène à L'Astral jusqu'au 24 juillet avec Réalité ou illusion?, un best of de mes quatre derniers spectacles.

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Gala Québec vs France, salle Wilfrid-Pelletier, ce soir et demain, à 18 h 30 et 21 h 30.