Rescapé du mouvement disco-punk, le collectif américain !!! (prononcez chik-chik-chik) s'amène au Festival de jazz, quelques semaines seulement avant la sortie officielle chez Warp de Strange Weather, Isn't?, son quatrième album. Entrevue avec le bouillant Nic Offer, chef d'orchestre de la formation qui a puisé son inspiration du côté de Berlin.

De toute la tribu dance-punk (LCD Soundsystem, The Rapture, Juan McLean, Liars et cie), !!! était sans doute l'un des meilleurs ensembles de musiciens. Sur scène, c'était une vraie bombe dont on souhaite à nouveau la déflagration demain soir au Club Soda, pour le concert de minuit.

 

Mais ça, c'était à l'époque du succès underground Me and Giuliani Down by the School Yard (A True Story), torride tourbillon de rock entraînant et déchaîné qui a révélé !!!, et qu'on a ensuite retrouvé sur l'album Louden Up Now, premier disque pour le label Warp (Touch&Go aux États-Unis, à l'époque).

«Tu peux prévenir les spectateurs qu'on ne la fera pas, celle-là, tranche le chanteur Nic Offer, attrapé à Rennes, en France, quelques heures avant un concert. Pendant notre prochaine tournée, plus tard cet automne, on devrait la réintégrer.»

Changements

Une bonne partie de l'alignement a changé au sein du groupe. Le batteur Jerry Fuchs est mort subitement l'automne dernier. Puis il y a eu le départ de deux autres collaborateurs de longue date. En dépit de ce gros changement de personnel, Offer se fait rassurant. «Non, je ne me sens pas comme un inconnu dans mon propre groupe, assure-t-il. Le noyau dur du groupe, les trois ou quatre fondateurs avec qui j'ai fondé !!!, sont toujours là. Un quitte, un nouveau s'intègre à la famille. L'énergie devrait être semblable à celle dont tu te rappelles.»

Le son, lui, a aussi changé depuis le temps. Forcément, les modes passent, les musiciens vont puiser ailleurs leur inspiration. À preuve, l'éclectique album Strange Weather, Isn't?, attendu à la fin août. Brisé, le paradigme disco-punk. Suivant les traces des Bowie, Iggy et Brian Eno, Nic Offer et ses confrères ont cherché l'inspiration à Berlin pour enregistrer ce quatrième disque.

«Si si, c'est certainement plus aérien, plus dub, poursuit Offer. C'est un genre de musique qui nous intéresse depuis le début, parce qu'elle a beaucoup de points communs avec la dance music. Cela dit, je crois qu'on peut facilement repérer les chansons plus «berlinoises», puisque seulement le quart de l'album a été enregistré là-bas. Ce sont les chansons plus électroniques et planantes, Jump Back, ou Jamie, My Intentions Are Bass.»

Et The Hammer, cette longue et quasi-mystique envolée dance ambiante? «Ah non, celle-là, on l'a enregistrée à New York. C'est même la première chanson que nous ayons composée pour ce disque».

Le groupe évolue, c'est bon signe. «Sur scène, les chansons ont tendance à prendre leur propre direction, on les laisse nous guider. On s'amuse avec les formes, avec les tempos, les plus vieilles compositions s'y moulent bien. Lorsque vous nous reverrez en concert, vous constaterez que tout ça tombe dans le sens, même si ça a changé. Je crois qu'on ne pouvait rester collés au son et à l'énergie des premiers albums», abonde Nic, qui cite Can et le premier disque solo d'Iggy Pop (The Idiot, réalisé par David Bowie) comme ses favoris de l'âge d'or du krautrock.

«Tu vas voir, sur scène, ça bouge encore pas mal!» dit le chanteur. On s'y retrouve, demain, à minuit.

!!! sera en spectacle au Club Soda demain à minuit.