La disparition de l'un des «derniers géants de la chanson française», soulignée samedi avec force superlatifs par le gratin politique et culturel du pays, n'a pas donné lieu à de grands épanchements populaires dans les rues de Paris.

À l'hôpital Saint-Joseph, où Alain Bashung est mort, seuls quelques admirateurs faisaient le pied de grue en soirée quelques heures après que les médias eurent annoncé la nouvelle.

«Je suis venu après l'avoir appris à la télévision. Ça me touche beaucoup. J'ai voulu venir pour lui rendre hommage», a déclaré Aziza, une Parisienne de 56 ans.

«Sa mort n'est pas une surprise. On avait pu voir à la soirée des Victoires qu'il était déjà bien fatigué», a ajouté l'admiratrice du chanteur, qui avait acheté à son fils un billet pour un spectacle de Bashung.

«Je n'en ai pas pris pour moi, ç'aurait été trop cher. C'est surtout grâce à mon fils que j'ai découvert sa musique. Il était bien triste d'apprendre sa mort», a relaté la dame, surprise de voir si peu de gens devant l'établissement hospitalier.

Il n'y avait guère plus de monde à l'autre extrémité de la ville, dans le quartier populaire de Barbès, où Alain Bashung vivait dans un discret passage.

«Très peu de gens savaient qu'il habitait ici. C'est sans doute pour ça qu'il n'y a pas beaucoup de monde», a souligné Nadjet, une résidante du quartier pressée d'aller rejoindre des amis à une soirée.

«Sa mort m'affecte comme elle affecte tous les Français. Il faisait partie du répertoire français», a indiqué la jeune femme.

La présence de plusieurs équipes de télévision dans le quartier a semblé étonner plusieurs passants, qui ignoraient que le chanteur vivait dans le secteur.

Plusieurs disaient même n'avoir jamais entendu parler d'Alain Bashung. «Alain Bashung? Non, ça ne me dit rien. Il faisait quoi, comme musique?» a demandé une jeune femme en pantoufles, venue faire quelques courses.

«Ah, désolé, moi je suis plutôt rythm & blues», s'est-elle excusée après avoir obtenu quelques détails sur le prolifique artiste.

«Ce n'est pas un chanteur qu'on écoute beaucoup ici... Je serais même étonnée d'apprendre que les jeunes le connaissent», a déclaré Coumba Sissoko, 24 ans, d'origine malienne, en montrant un groupe d'adolescents qui scrutait les camions de télévision postés à proximité.

«Les gens ici écoutent plutôt du rap ou de la musique africaine... Alain Bashung, ce n'est pas trop ma tasse de thé», a-t-elle conclu.