Le projet
« J’ai toujours aimé aller vers des gens qui sont loin des projecteurs, qui ne sont pas sur la place publique », explique la photographe Isabelle de Blois, qui trouvait bien intéressant de voir des images de vaches, de cochons, de fraises sur des bâtiments agricoles, mais qui avait bien envie de voir qui se cachait à l’intérieur. D’autant qu’on était au plus fort de la promotion de l’achat local, que l’on parlait de souveraineté alimentaire, aussi bien voir qui est au tout début de la chaîne.
« Comme portraitiste, dit-elle, je me suis dit qu’il fallait créer un lien entre la communauté et les agriculteurs. »
La démarche
Alors pour les rencontrer, ces agriculteurs mystérieux, il a fallu aller cogner aux portes des fermes. Isabelle de Blois s’est concentrée sur sa région et la MRC de L’Érable a appuyé son projet. Elle avait une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec en main, et beaucoup d’audace.
« J’ai essayé d’avoir un éventail le plus large possible, relate-t-elle. Certaines familles étaient la septième génération de producteurs. Elles m’ont raconté leur histoire, celle de ces générations de femmes qui ont repris et sauvé la terre, sauvé la ferme. À côté de ça, j’ai des producteurs agricoles qui sont établis depuis seulement un an. »
Il y a aussi une variété de productions, du porc aux céréales, des champignons aux choux.
Les gens
Si elle a dû essuyer quelques refus, les agriculteurs participants ont été enthousiastes, peu méfiants même s’il était clair dès le départ qu’il s’agissait d’un projet artistique plus que documentaire.
« Les gens m’ont beaucoup fait confiance, dit-elle. Je leur disais que j’allais ajouter une dimension formelle, mais ils ne savaient pas exactement quoi. » Parfois, les ajouts sont symboliques ; d’autres, métaphoriques.
Certaines photos représentent la vie des agriculteurs dans leur travail quotidien.
Un producteur de pintades venait de recevoir 400 pintades âgées de… une journée, au moment où il a rencontré Isabelle de Blois. L’occasion était trop belle : le producteur a accepté de se coucher dans son enclos et les toutes petites pintades sont grimpées sur lui. La photographe a immortalisé la scène.
Les modèles avaient beaucoup de liberté. Un producteur laitier a grimpé en haut de son silo à 6 h.
Certains se sont présentés « tout endimanchés » et d’autres sont photographiés en habit de travail.
J’ai trouvé les gens en symbiose avec leur environnement, avec le décor, le paysage, les lignes d’horizon ; avec les textures de leurs tomates, de leurs fleurs.
Isabelle de Blois, photographe
L’exposition
Il y a deux phases à ces Sculpteurs de territoire. Une dizaine d’images sont installées sur les bâtiments agricoles des participants, en format 8 pi x 12 pi. Elles y resteront deux ans. La MRC a fait un circuit, pour les retrouver sur les chemins de campagne.
Et puis, une exposition des 30 sculpteurs du territoire est présentée jusqu’au 7 décembre à la galerie du Carrefour de l’érable de Plessisville.
Consultez la page de l’expositionQui est Isabelle de Blois
Après des études en arts visuels et en photographie, la photographe a bifurqué vers l’univers du cinéma.
Elle a produit et réalisé plus d’une vingtaine de documentaires, de courts à longs métrages, qui traitent principalement d’engagement social. Elle a également signé la direction photo de plusieurs films.
Elle est impliquée dans divers projets auprès d’organismes et de centres de diffusion culturelle, tels que le Théâtre Parminou, Centraide et l’École de Cirque de Québec.