Dans le cadre de son 10e anniversaire, la galerie SAS confie aux artistes qu'elle représente le commissariat d'une exposition. La galerie de Frédéric Loury expose jusqu'au 2 juin Fabuleux cercles vicieux, mis en espace par Patrick Bérubé, et dont la réflexion vient de l'actualité.

Fabuleux cercles vicieux est dans la suite logique des dernières expositions de Patrick Bérubé. L'artiste finaliste du prix Pierre-Ayot en 2010 et 2011 y faisait le constat de la vulnérabilité de l'humain et de son incapacité à trouver des pistes raisonnables alors que les défis planétaires ne manquent pas. Cette fois-ci, il associe son travail à celui d'artistes s'abreuvant aux mêmes sources d'inspiration: Michel de Broin, Gwenaël Bélanger, Mathieu Latulippe et Frédéric Lavoie.

«Ces artistes puisent dans les préoccupations actuelles autant politiques qu'environnementales ou sociales et on a un exemple parfait avec la grève des étudiants au Québec», dit Patrick Bérubé. Fabuleux cercles vicieux s'insère en effet à point nommé dans l'actualité comme une sorte d'allégorie du «printemps érable». «Les oeuvres symbolisent un peu l'état de notre société en ce moment, dit Patrick Bérubé. C'est un peu dramatique et déprimant mais il y a de l'espoir!»

Dans Fabuleux cercles vicieux, Patrick Bérubé présente Prend garde à toi, avec ses petits pois devenus munitions. L'oeuvre est associée à The Hope, pour redonner espoir: un petit pois a germé au coeur d'une cible. Ancrage, par contre, avec son pétrolier ancré dans une mer d'encre noire, évoque l'encre de l'écriture qui ne génère pas assez de solutions durables et les pollutions maritimes de plus en plus graves.

«Je me questionne sur les pertes de contrôle, les impuissances, nos frustrations et ces manques qui causent souvent notre perte, dit-il. Le thème du cercle vicieux s'est imposé dû au fait qu'on tourne en rond.»

Ce thème, Michel de Broin l'aborde avec un gros câble électrique qui retourne dans la prise dont il sort, ou avec le mythe du labyrinthe, Trou de vers, où l'homme-souris tourne en rond. Frédéric Lavoie fait de même avec une série d'aquarelles et dessins sur papier, notamment Tourner/Aller tout droit et Monter/Glisser.

Mathieu Latulippe traite, avec humour et gravité, de la dualité de l'être. L'homme tourné vers les autres et celui centré sur lui-même. L'installation Parturiunt montes nascetur ridiculus mus («la montagne accouche d'une souris») est une référence aux films 2001, l'odyssée de l'espace et La planète des singes.

«La conquête de mars est un projet réel mais si on n'évolue pas socialement, on reproduira la même chose sur une autre planète. Alors, pourquoi?» demande-t-il.

Enfin, Gwenaël Bélanger présente ses Comic Strip, 12 photos et une vidéo en boucle de 45 miroirs qui chutent et éclatent en morceaux les uns après les autres. «C'est l'idée qu'on revient toujours à la forme originale mais finalement, on n'y arrive pas, dit-il. Ça achoppe à chaque fois. Plus ça va, plus ça se dégrade.»

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Fabuleux cercles vicieux à la Galerie SAS jusqu'au 2 juin