L'inauguration en grande pompe samedi du nouveau musée de l'Acropole, situé au pied du site antique à Athènes, a relancé la bataille pour le rapatriement des «marbres» du Parthénon, exposés au British Museum dont la Grèce réclame le retour depuis près de 30 ans.

Conçu par l'architecte franco-suisse Bernard Tschumi, ce musée tout en transparence et lumière naturelle avec une vue sur le Parthénon, se veut avant tout un renouvellement de «l'appel» pour le retour d'une grande partie des fameuses frises du Parthénon, exposées à Londres.

 «En ce jour important pour ce site historique nous appelons tous ceux dans le monde entier qui croient aux valeurs et aux idées nées sur les versants de l'Acropole à se joindre à la quête pour le rapatriement des marbres du Parthénon», a déclaré le ministre grec de la Culture, Antonis Samaras, en présentant vendredi le musée aux médias étrangers.

Construit sur trois niveaux et d'une superficie de 14.000 m2 de salles où sont exposées des sculptures et vestiges de l'Acropole, le musée met en vedette la salle dite «du Parthénon», située au dernier niveau.

Dans cette pièce avec vue panoramique sur Athènes et l'Acropole, la frise orientale du temple a été reconstituée grâce à une quarantaine de plaques conservées à Athènes et à des copies des 56 autres se trouvant au British Museum.

Le visiteur «aura pour la première fois une vision de l'ensemble de l'oeuvre dispersée entre Londres et Athènes», a noté le président du musée et professeur d'archéologie Dimitris Pantérmalis.

Considérée comme l'une de plus célèbres sculptures du Ve siècle avant notre ère, la frise ionique du Parthénon, raconte une partie de la procession des Panathénées, une fête religieuse de la cité antique d'Athènes dédiée à sa déesse protectrice homonyme.

«Ce que nous avons cherché à faire dans ce musée, c'est de montrer l'inévitabilité de la continuité de lecture de l'oeuvre», a estimé M. Tschumi. Pour l'architecte, il «ne s'agit pas d'un problème patriotique mais d'une oeuvre d'art qui doit être exposée toute entière, comme Phidias l'avait conçue».

La Grèce réclame depuis 1983, lors d'une campagne lancée par l'actrice, puis ministre de la Culture, Mélina Mercouri, le retour de la frise d'une longueur de 75 m, et d'une cariatide provenant de l'Erechtheion, un temple de l'Acropole, emportées en 1803 par un diplomate britannique auprès de l'empire ottoman, Lord Elgin.

 «L'enlèvement de ces sculptures n'est pas seulement une injustice pour les Grecs mais pour tout le monde, même pour les Britanniques, car cette oeuvre a été conçue comme une continuité, quelque chose qui ne peut pas se réaliser alors que la moitié reste en otage au British Museum», affirme M. Samaras.

Un appel international pour «le retour des marbres à l'occasion des jeux Olympiques de 2012» à Londres, lancé vendredi à Athènes par l'Association pour le regroupement des sculptures du Parthénon (IARPS) représentant 17 pays dans le monde, est venu renforcer les aspirations grecques.

Cependant, le British Museum ne paraît nullement ébranlé.

 «Nous ne parlons pas de prêt des oeuvres sur une base permanente ou pour une longue durée mais nous souhaitons des discussions entre Londres et Athènes pour un prêt réciproque», a indiqué vendredi Hannah Bolton, une porte-parole du British Museum à la télévision publique grecque Net.

Mais les Grecs restent confiants. «Nous n'avons jamais eu un vrai dialogue avec Londres mais l'inauguration du nouveau musée nous permet de l'entamer sur une base nouvelle en utilisant un argument fort» car la Grèce a désormais un endroit adapté pour exposer les frises, a répondu M. Pantérmalis.