Le ministre du Patrimoine canadien, James Moore, a montré ses habiletés de slalomeur hier à Montréal. Tout en refusant de revenir sur les décisions de son gouvernement, M. Moore a laissé entendre qu'il trouverait des solutions pour le rayonnement des artistes canadiens à l'étranger, tout comme il dit plancher sur une «politique» des Prix du Canada pour les arts et la créativité.

De passage en ville pour annoncer le Fonds du Canada pour les périodiques, notamment, le ministre Moore a dit «chercher d'autres manières d'aider les artistes canadiens» dans leurs tournées internationales, réitérant cependant que les programmes déjà abolis le resteront.Après une nouvelle rencontre avec des représentants des festivals Juste pour rire, du Jazz et de l'Union des artistes lundi soir, M. Moore s'est dit ouvert à la possibilité de «travailler avec le milieu culturel» pour compenser en partie les compressions fédérales de 45 millions de l'an dernier dans les budgets fédéraux d'aide à la culture canadienne.

«Il faut prendre soin de l'avenir des artistes. Nous comprenons qu'il y a un besoin sur la scène internationale», a convenu le ministre Moore en marge d'une conférence de presse où il annonçait un soutien financier de 1 million de dollars au Festival Juste pour rire.

Questionné sur le même sujet, le fondateur de cet événement, Gilbert Rozon, s'est dit rassuré quant à la volonté du responsable du Patrimoine canadien d'aider les artistes dans leurs tournées.

«Je crois qu'il a très bien compris le message que nous lui avons répété. Il faut lui laisser un peu de temps pour régler ça en pleine crise économique», croit celui qui, quelques instants plus tôt, avait souligné l'importance de «soutenir les créateurs de demain sans rien leur demander».

M. Rozon a indiqué que le nouveau soutien à Juste pour rire permettra de financer la tenue d'un troisième carnaval dans le cadre du 27e festival, l'été prochain.

Prix du Canada

Le ministre James Moore a de nouveau indiqué qu'il attendait d'autres suggestions en vue de créer les Prix du Canada pour les arts et la créativité, une initiative des fondateurs du Festival Luminato de Toronto.

«Plusieurs propositions existent, dit-il. Il y a par exemple les Prix du Gouverneur général et ceux de la ville de Barrie en Ontario. Nous avons retenu l'idée des prix, mais la proposition de MM. Pecaut et Gagliano n'en est qu'une parmi d'autres», a-t-il dit en reprenant sa position de la semaine dernière quand il a été dévoilé par La Presse que plusieurs intervenants supposément «consultés» par les instigateurs des Prix ne l'avaient, en fait, pas été. Le ministre du Patrimoine explique qu'il entend adopter des règlements précis sur les Prix après une période de consultations.

«On va avoir une politique là-dessus qui va être bien reçue par le milieu culturel du Canada», a-t-il affirmé.

Quant à lui, Gilbert Rozon croit qu'il ne faut pas «opposer les Prix aux tournées» des artistes à l'étranger.

«On ne peut pas être contre l'idée des prix, croit-il. Je suis même un peu jaloux de ne pas l'avoir eue en premier.»