À première vue, la Bourse canadienne semble avoir mieux résisté que sa puissante voisine américaine à la correction des derniers jours.

L'indice S&P/TSX s'affiche en recul de 3,7 % depuis une semaine, alors que son principal vis-à-vis américain, l'indice S&P 500, a reculé de 4,7 % pour un investisseur canadien.

Parmi les plus grandes entreprises de Québec inc. en Bourse, l'impact de la correction s'est plutôt bien divisé entre les perdants - Bombardier dévalorisé de 7 %, Gildan Activewear de 6 %, Dollarama de 5 % - et les plus résistants, comme CGI, Brookfield Renouvelables (Énergie) et le Canadien National. 

Mais de l'avis de professionnels des marchés boursiers, cette meilleure résistance de la Bourse canadienne lors de la correction pourrait bien n'être qu'une illusion d'optique à court terme.

« Du point de vue d'un nombre croissant de gros investisseurs de calibre institutionnel, au Canada et de l'étranger, la Bourse canadienne est perçue déjà en "bear market" [marché baissier] », estime Martin Roberge, analyste et stratège de marché, actions nord-américaines, à la firme financière Canaccord Genuity.

« Cette perception défavorable est basée sur deux motifs principaux. D'une part, on constate le potentiel limité de croissance des résultats dans les secteurs prédominants de l'indice S&P/TSX. D'autre part, on se méfie d'un risque financier qui pourrait émerger lors du prochain ralentissement de l'économie canadienne, en raison de l'endettement très élevé du secteur privé au Canada, tant les entreprises que les consommateurs. »

En fait, il y a un bon moment que l'indice phare de la Bourse canadienne affiche la pire performance parmi les marchés boursiers des principales économies du monde industrialisé.

En dépit d'un recul moins prononcé depuis une semaine, l'indice S&P/TSX demeure en dépréciation de 0,5 % sur une période d'un an, alors que l'indice S&P500 de la Bourse américaine s'affiche encore en avance de 10 %. Des placements représentatifs de l'indice MSCI mondial (tous pays) ont progressé d'au moins 16 % dans un portefeuille en dollars canadiens.

Pour Bernard Gauthier, gestionnaire de placements en actions canadiennes chez Jarislowsky Fraser, cette sous-performance comparative de l'indice S&P/TSX s'explique en partie par sa composition beaucoup plus concentrée dans trois secteurs - les services financiers, les matières premières et l'énergie - qui ont été défavorisés par les investisseurs boursiers depuis plusieurs mois.

En comparaison, l'indice S&P500 a largement profité de sa meilleure représentation dans les secteurs comme les entreprises technologiques et les grandes entreprises industrielles d'envergure mondiale qui ont été les plus performantes en Bourse depuis deux ans.

Cela dit, Bernard Gauthier estime que pour les investisseurs axés davantage sur la sélection de titres en fonction de leurs fondamentaux d'affaires plutôt que de leur secteur d'activités, la récente correction en Bourse pourrait produire des occasions d'investissement à meilleur prix dans des actions canadiennes.

À condition, toutefois, qu'elles figurent déjà la ligne de mire des titres analysés et convoités pour leur portefeuille.