Le géant de la distribution en ligne Amazon a franchi mardi le seuil symbolique de 1000$ US l'action à Wall Street, une première qui confirme sa fulgurante ascension de simple libraire en ligne en mastodonte du commerce électronique.

L'entreprise, qui tire son nom du fleuve sud-américain, a vu son titre atteindre 1000,04 dollars vers 9h45 pour une capitalisation boursière de 478,05 milliards, soit plus du double du numéro un mondial de la distribution Wal-Mart.

Elle était entrée en Bourse en mai 1997 à 18 dollars, ce qui équivalait à une valorisation de 438 millions de dollars de l'époque. Le courtier américain Loup Ventures estime que l'action pourrait monter jusqu'à 2000 dollars à moyen terme.

Ce succès boursier traduit la transformation du groupe de Seattle, passé en moins de vingt ans de simple libraire en ligne à géant de services informatiques dématérialisés (Cloud), de la vidéo en ligne en continu avec son service payant Prime, et du commerce électronique.

Les investisseurs parient sur le fait que le commerce en ligne, qui ne représente actuellement que 8% des achats aux États-Unis, devrait croître rapidement dans les prochaines années. Selon la National Retail Federation (NRF) américaine, le commerce en ligne devrait croître de 8 à 12% cette année.

Or Amazon domine ce créneau: En 2016, le groupe de Jeff Bezos représentait 43% des achats effectués en ligne aux États-Unis, selon les estimations du cabinet Slice Intelligence.

Le groupe, qui a généré un chiffre d'affaires de 35,7 milliards de dollars au premier trimestre, se donne également les moyens d'améliorer sa rentabilité.

Domination de la Silicon Valley

Il est en train d'investir 1,5 milliard de dollars pour construire son propre réseau de livraison et ne plus louer les services de FedEx et UPS qui lui coûtent très cher. Ses dépenses de livraisons ont par exemple augmenté de 30% à 1,9 milliard de dollars au premier trimestre.

La flambée boursière d'Amazon intervient au moment où les sociétés technologiques vivent une nouvelle ère dorée à Wall Street. L'indice sectoriel Nasdaq ne cesse de voler de record en record depuis le début de l'année, et ce en dépit du fait que certains experts mettent en garde contre une possible bulle technologique comme dans les années 2000.

Amazon avait survécu à l'explosion de ce qui avait été appelé à l'époque «la bulle internet». Google était entré en Bourse en 2004 alors que les valeurs technologiques amorçaient leur redressement.

Le Top 5 des capitalisations boursières américain n'est désormais constitué que de géants de la Silicon Valley: Apple (802,87 milliards de dollars), Google (678,56 milliards), Microsoft (540,05 milliards), Amazon (478 milliards) et FaceBook (440,84 milliards).

Le succès d'Amazon pourrait toutefois poser la question d'une scission de l'action (split) car à 1000 dollars le titre n'est pas à la portée des petits porteurs.

«Nous n'avons pas cela en projet à ce moment précis, mais nous allons continuer à l'examiner», a déclaré Jeff Bezos, répondant à un actionnaire qui l'interrogeait sur le sujet lors de la dernière AG la semaine dernière.

La scission d'une action a certes pour mérite de multiplier le nombre de titres disponibles, mais elle a un impact limité sur la valeur d'une société parce que la perception qu'en ont les investisseurs continue de dépendre de la conjoncture, des perspectives et des fondamentaux liés à l'entreprise.

Apple a divisé en deux son action en juin 2014, ce qui n'a pas empêché le groupe de devenir des mois plus tard la plus grosse entreprise privée au monde en termes de capitalisation boursière.

Le titre Amazon a été divisé à trois reprises depuis ses débuts: une première fois en juin 1998 et deux fois en 1999, en janvier et en août.

Jeff Bezos profite par ailleurs du succès d'Amazon pour financer ses autres aventures personnelles, comme la société aérospatiale Blue Origin, créée en 2000, dont le développement est soutenu par la vente pour un milliard de dollars par an de titres Amazon. Blue Origin a décroché en mars son premier client, Eutelsat, pour la mise en orbite d'un satellite à bord de la future fusée New Glenn.

Le Washington Post, racheté 250 millions de dollars en octobre 2013 par M. Bezos, connaît également une renaissance, à grand renfort de primeurs liées aux enquêtes menées sur la collusion supposée entre l'entourage de Donald Trump et la Russie.