Deux ans après avoir mis en branle son projet d'inscription en Bourse, Ecolomondo - une petite entreprise montréalaise qui se spécialise dans le traitement de déchets à base d'hydrocarbures - semble enfin prête à faire le grand saut.

Selon nos informations, l'inscription prévue à la Bourse américaine NASDAQ est imminente et pourrait se concrétiser avant la fin de l'été.

Si des documents entourant l'opération ont commencé à filtrer sur le site de la Securities and Exchange Commission depuis 2014, les autorités boursières canadiennes ont rendu public le prospectus provisoire d'Ecolomondo dans les dernières semaines.

UN TOUT PETIT PAPE

Il s'agit d'un très petit premier appel public à l'épargne (PAPE). L'entreprise tente d'obtenir une quinzaine de millions de dollars avec son émission d'actions, ce qui lui donnerait une valeur globale d'environ 150 millions US. Après l'opération, il devrait y avoir environ 22 millions d'actions en circulation, dont 80 % appartiendront à l'entrepreneur et grand patron de l'entreprise, Elio Sorella.

La direction d'Ecolomondo n'était pas en mesure de parler à La Presse en raison de black-out qui précède l'entrée en Bourse. 

« Si la compagnie obtient la valorisation espérée, ça démontrera l'intérêt du marché envers une entreprise technologique du secteur vert, ce qui est une bonne nouvelle en soi », commente Wils Theagene, cofondateur de la firme d'investissement montréalaise Straccel.

UNE RENTABILITÉ À DÉMONTRER

Ce spécialiste des technologies propres prévient toutefois que les investisseurs ne doivent pas nécessairement s'attendre à un accueil comme celui qui a été réservé aux entreprises montréalaises Stingray et Lumenpulse lors de leur introduction en Bourse.

« Les investisseurs veulent des coups de circuit. Très rapidement, ils veulent voir le cours boursier s'apprécier. Dans le cas d'Ecolomondo, ça ne se passera pas comme ça. Les revenus ne sont pas là. Ecolomondo est dans un marché très influencé par la réglementation gouvernementale. Le succès de la commercialisation est directement lié à la vitesse d'adoption des produits par le marché qui peut directement dépendre de la réglementation et des incitatifs qui peuvent en découler. »

Si une technologie verte comme celle d'Ecolomondo a de quoi séduire, la rentabilité commerciale reste encore à démontrer, et l'historique d'exploitation est limité. L'entreprise a généré des pertes substantielles depuis ses débuts, il y a une dizaine d'années (déficit accumulé d'environ 9 millions).

DE VIEUX PNEUS COMME MATIÈRE PREMIÈRE

Ecolomondo utilise un procédé de décomposition thermique pour recycler les déchets à base d'hydrocarbures en produits de base. De vieux pneus sont notamment utilisés comme matière première pour produire de l'acier, de l'huile et du gaz. La société, qui se qualifie de jeune pousse, affirme que sa technologie peut également traiter des couches jetables, des bardeaux d'asphalte, du plastique et des résidus de déchiquetage d'automobiles.

Chaque réacteur de l'usine pilote de Contrecoeur, en Montérégie, a la capacité de traiter 18 tonnes de déchets de pneus par jour.

Le volume annuel moyen de pneus hors d'usage serait suffisant, selon Ecolomondo, pour alimenter 1000 réacteurs dans le monde, dont 254 aux États-Unis.

Ces installations sont toutefois onéreuses : de 20 à 60 millions chacune.

Les municipalités, les exploitants de terrains d'enfouissement, les éliminateurs de déchets et les fabricants de produits et de commodités forment le noyau de la clientèle cible.

Jusqu'à maintenant, des lettres d'intention ferme pour trois installations ont été signées, deux au Canada (Hawkesbury et Malartic) et une aux États-Unis (New Jersey). 

L'inscription au NASDAQ est considérée par la direction comme un facteur important pour la signature de protocoles d'entente et de lettres d'intention additionnels, car elle devrait convaincre les tiers qu'Ecolomondo peut remplir ses obligations.

DES RISQUES

Parmi les facteurs de risque cités dans son prospectus, l'entreprise prévient notamment que ses coûts et dépenses sont appelés à augmenter considérablement, ce qui gonflera aussi ses pertes durant la phase de commercialisation.

Les dirigeants admettent que les coûts de construction, d'exploitation et d'entretien de ses installations pourraient se révéler « beaucoup plus élevés que prévu ».

Les gestionnaires reconnaissent aussi qu'il pourrait y avoir un besoin pour des capitaux additionnels afin de poursuivre l'expansion de l'entreprise.

ECOLOMONDO EN BREF

ACTIVITÉS : conception et construction d'installations qui transforment les déchets à base d'hydrocarbures en produits de base commercialisables

ANNÉE DE FONDATION : 2007

PDG ET ACTIONNAIRE DE CONTRÔLE : Elio Sorella, 68 ans

SIÈGE SOCIAL : Montréal (usine pilote à Contrecoeur)

NOMBRE D'EMPLOYÉS : une quinzaine

BOURSE : NASDAQ

SYMBOLE : EECO

VALEUR DU PREMIER APPEL PUBLIC À L'ÉPARGNE : 15 millions US (2 millions d'actions dans une fourchette de 6,50 à 7,50 $US par action)

NOMBRE D'ACTIONS EN CIRCULATION APRÈS LE PLACEMENT : 22 380 000

PRENEUR FERME : Chardan Capital Markets

PERTES EN 2015 : 1,3 million de dollars