Après deux séances particulièrement calamiteuses, les marchés européens redressaient la tête mardi, sans toutefois cesser de se préoccuper des conséquences du Brexit dont le sommet européen doit tirer les premières leçons.

«La panique est derrière nous», estime Christopher Dembik, un économiste de Saxo Banque.

Les marchés se montrent plus optimistes «sur l'espoir que les politiques travaillent pour limiter les conséquences économiques» du scrutin du 23 juin, soulignent également Mike van Dulken et Augustin Eden, analystes chez Accendo Markets.

Le rebond était en effet général en Europe en attendant l'ouverture d'un sommet européen dont les investisseurs espèrent voir émerger des solutions après le séisme provoqué par le vote en faveur d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne vendredi.

La chancelière allemande Angela Merkel a de son côté estimé mardi devant les députés allemands que l'UE était «assez forte» pour survivre au départ du Royaume-Uni.

Vers 11 h 30 (5 h 30 heure de l'Est), Paris prenait 2,53%, Francfort 2,05% et Londres 2,20%. Madrid avait aussi le vent en poupe avec une hausse de 2,66%, tout comme Milan (+3,67%).

Les principales victimes de ce scrutin inattendu à savoir les banques et la livre britannique reprenaient aussi des couleurs.

Passé le premier tri, réalisé dans l'urgence dans leurs portefeuilles, les investisseurs semblaient aborder les choses un peu plus tranquillement mardi matin, et la forte décote de certains titres alimentait une vague d'achats.

«Hier, les marchés ont fait le tri entre les valeurs et les secteurs supposément les plus sensibles aux conséquences d'un Brexit. Les banques, les assureurs, les compagnies aériennes ou encore les secteurs les plus cycliques ont été les grands perdants de la séance», relèvent les analystes de Aurel BGC.

«Hier, la pression vendeuse, d'abord concentrée sur les valeurs les plus directement exposées au Royaume-Uni, s'est propagée à l'ensemble de la côte», mais aujourd'hui «techniquement les soldes ont commencé et il y a des bonnes affaires sur les plus belles valeurs», notent aussi les analystes de Barclays.

Un été agité en perspective

Mais l'embellie restait fragile.

«Après la forte baisse des deux derniers jours», savoir si le rebond de l'ouverture «est susceptible de prendre de l'ampleur, c'est un pari qui nous paraît hasardeux», observe le courtier Aurel BGC.

«Les marchés sont ainsi totalement soumis aux décisions politiques, la variable la plus incertaine qui soit dans un contexte où le Royaume-Uni ne peut que constater l'état de délabrement dans lequel se trouve sa classe politique et ses partis», selon lui.

«Les marchés vont suivre le sommet des chefs d'État, en particulier les déclarations des uns et des autres, mais la visibilité ne devrait pas s'améliorer à court terme», ajoute-t-il.

«Les incertitudes qui entourent l'avenir politique et économique du Royaume-Uni, avec notamment la dégradation de la notation souveraine du pays, et les risques de contagion au reste du monde restent au centre de l'attention», jugent également les économistes de Crédit Mutuel CIC en notant que «le début de coordination des Européens, après la réunion d'hier entre François Hollande, Angela Merkel et Matteo Renzi, peine à convaincre pour l'instant».

Cette prudence était visible du côté des valeurs refuges, qui restaient très recherchés, à l'instar du taux d'emprunt à 10 ans allemand, référence du marché de la dette des États, toujours solidement ancré en territoire négatif.

Le taux d'emprunt de même échéance du Royaume-Uni se tendait un peu par contre, pénalisé par l'abaissement de la note du Royaume-Uni à la fois par l'agence financière Fitch et l'agence de notation SP Global Ratings.

En dépit de la stabilisation du jour, «il est certain que la volatilité va rester très élevée pendant plusieurs semaines et que les investisseurs vont privilégier les valeurs refuges, comme l'or et le yen japonais», constate en effet M. Dembik.

Pour lever une partie de l'incertitude, complète-t-il, «il faudra que les responsables politiques européens dévoilent rapidement, peut-être à l'occasion du Conseil européen de cette semaine, une feuille de route régissant les relations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne».

Quoi qu'il en soit, selon lui, «l'été ne sera pas tranquille sur les marchés financiers mais les investisseurs ont déjà pris l'habitude.»