Il y a cinq ans, le 9 mars, le marché boursier était au plus mal. Le président de la banque centrale américaine, Ben Bernanke, qualifiait même la situation financière de «pire crise depuis les années 30». Les analystes ne voyaient pas le bout du tunnel, alors que les perspectives économiques à l'échelle mondiale continuaient de se détériorer.

Le revirement a été aussi subit qu'inattendu. Ce 10 mars 2009, l'indice élargi de la Bourse de New York, le Standard&Poor's 500, a pris 6%, à 720 points, poussé par un bond de 16% du secteur financier, celui-là même qui avait causé la crise.

La Bourse américaine n'a cessé de grimper depuis. Hier, le S&P a clôturé à 1877 points, pratiquement inchangé par rapport à vendredi et à quelques points seulement de son record de 1884 touché jeudi dernier, pour une progression de 175% en cinq ans. Avec les dividendes, il s'agit d'un rendement moyen de près de 25% par année.

Pour sa part, la Bourse de Toronto, lestée par les pétrolières et autres titres de ressources, affiche un gain boursier deux fois moins important, mais un rendement annualisé moyen de tout de même 16% grâce aux dividendes plus généreux. En dépit d'un remarquable rattrapage ces derniers mois, il manque encore 6% au TSX pour retrouver son sommet de 2008.

Résilience

Le marché boursier s'est montré étonnamment résilient à toutes sortes de crises - budgétaires, financières ou politiques - pendant cette période, la crise ukrainienne étant la dernière en date. Les marchés ont aussi fait preuve d'une admirable résistance face aux incertitudes sur l'évolution de l'économie mondiale. Sur le sujet crucial de la vigueur de la croissance aux États-Unis, le marché a même fini par se faire à l'idée que la Réserve fédérale pouvait ralentir son programme de soutien par injection de liquidités.

Contrairement à la bulle des technos du tournant du siècle, qui avait vu les indices s'écraser après des années de hausse, la poussée boursière en cours a des assises solides. La plupart des grandes entreprises comptent sur des bénéfices en forte croissance. La reprise repose aussi sur une large base de titres. Sur les 500 entreprises composant le S&P, plus des trois quarts ont progressé en Bourse chacune des cinq dernières années.

La suite

La grande question est maintenant de savoir si le marché a encore assez de carburant pour poursuivre sur sa lancée. Si les multiples boursiers n'ont rien à voir avec les excès des premières années du présent siècle, ils demeurent toutefois élevés au vu de plusieurs observateurs qui s'en inquiètent.

Le niveau courant de l'indice S&P représente un multiple de 17 fois les profits courus et 16 fois les profits escomptés des 500 entreprises qui le composent. C'est dans la moyenne historique et nettement moins qu'en l'an 2000, mais cela ne souffre cependant pas la moindre déception sur les profits ou les données économiques.

Le président de la Réserve fédérale de Dallas, Richard Fisher, a d'ailleurs mis en garde les investisseurs, la semaine dernière, face aux niveaux atteints par les marchés boursiers, comme ce coefficient de capitalisation des résultats attendus, le rapport de la capitalisation boursière au chiffre d'affaires ou encore le ratio «capitalisation boursière totale du marché en pourcentage du produit intérieur brut». Pour lui, la lecture de nombreux indicateurs invite à la prudence.

Mais ce ne serait pas la première fois qu'un représentant de la Fed pécherait par excès de prudence.

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LES MEILLEURS RENDEMENTS À LA BOURSE DE TORONTO DEPUIS CINQ ANS

Titre/ Taux annualisé/ Secteur/ CapitalisationCarfinco Financial/ 123,7%/ Finance/ 295,4 millions

AutoCanada/ 110,8%/ Consommation/ 944,9 millions

Sirius XM Canada/ 106,9%/ Communications/ 1111,0 millions

Intertape Polymer/ 96,8%/ Matériaux/ 781,6 millions

Automodular/ 92,9%/ Consommation/ 46,7 millions

Magellan Aerospace/ 91,1%/ Industriel/ 443,0 millions

Continental Gold/ 90,2%/ Matériaux/ 641,0 millions

Linamar/ 85,5%/ Consommation/ 3138,5 millions

Canadian Energy/ 85,1%/ Énergie/ 1832,2 millions

Redknee Solution/ 78,9%/ Technologie/ 531,4 millions