Le marché a été en retrait cette semaine en attendant de voir si le mélodrame sur le budget à Washington va déboucher sur une fermeture partielle des services publics ou, ce qui serait bien pire, un défaut de paiement de l'État fédéral.

L'angoisse budgétaire a causé un recul de 70 points du Dow Jones hier, de sorte que la semaine se termine par un repli de 1,3 %. Les marchés boursiers canadiens ont un peu mieux fait avec un léger gain cumulatif de 0,3 % du S&P/TSX, à 12 844 points.

Le Congrès doit trouver un accord avant la fin de l'exercice 2013, à 23 h 59 lundi, sans quoi le gouvernement des États-Unis ne sera plus financé. L'approche de l'échéance a fait revenir à Washington l'ensemble des parlementaires américains qui, exceptionnellement, restent en session ce week-end.

Si le Congrès finit habituellement par obtenir des crédits à la dernière minute, le doute s'installe cette fois alors que républicains et démocrates se livrent à un véritable bras de fer.

Une fermeture des services fédéraux non essentiels, qui implique tout de même la mise à pied sans solde de quelque 800 000 fonctionnaires, aurait peu d'incidence sur les marchés boursiers, si l'on se rappelle l'expérience de 1995-1996. La mésentente budgétaire entre le président Clinton et les républicains avait, au pis, ralenti une tendance haussière bien marquée. Les prix du pétrole ont même augmenté substantiellement, malgré les inquiétudes des consommateurs. L'or a, pour sa part, bien tenu son rôle de valeur refuge.

Sur l'ensemble des deux épisodes de «shutdown», les taux des titres du Trésor américain de 10 ans ont même diminué d'environ 30 points de base, figure le service des études économiques de Desjardins. Au final, le produit intérieur brut (PIB) réel n'a pas trop souffert sur l'ensemble du dernier trimestre de 1995 avec une croissance annualisée de 2,9 %, malgré la contribution négative de 0,9 point de pourcentage provenant du gouvernement fédéral.

«La contrainte suivante, celle du plafond de la dette, est plus inquiétante, note Francis Généreux, économiste principal au Mouvement Desjardins. L'empêchement du gouvernement fédéral de contracter de nouveaux emprunts risque d'entacher sa crédibilité, et le manquement de certains paiements pourrait gravement dégrader la situation financière et économique.»

De fait, l'échec des négociations sur le plafond de la dette, qui doit être relevé avant le 17 octobre afin d'éviter de provoquer un défaut de paiement des États-Unis, serait désastreux pour la Bourse, s'il faut en croire le passé. Le fiasco de 2011, qui avait vu l'agence de notation Standard & Poor's décoter la dette américaine de AAA à AA+, avait provoqué une chute de 17 % des grands indices américains.