Les actions de Metro (T.MRU) sont-elles en fin de course? Après avoir poussé bien au-delà des attentes de la communauté financière, ces actions prisées ont perdu 14% de leur valeur depuis leur prix record de 75,81$ atteint le 31 juillet, malgré l'annonce d'un important programme de rachat visant 8% des actions en circulation.

Les analystes recensés par l'agence financière Bloomberg sont partagés quant au potentiel d'appréciation boursière du titre-vedette de Québec inc., qui cotait 65,55$ en clôture, hier. Six sont acheteurs alors que tout autant demeurent sur la clôture. Un autre prône même la vente des actions de l'épicier.

Voici les avis de quatre experts financiers renommés.

Les pessimistes

Peter Sklar, BMO Marchés des capitaux

«Metro tire une part disproportionnée de ses bénéfices au Québec où la concurrence s'intensifie», affirme Peter Sklar, de BMO Marchés des capitaux, qui a abaissé sa cote à «sous-performance sectorielle» au début du mois. L'analyste maintient par ailleurs à 68$ sa cible de prix, parmi les plus prudentes de l'industrie. Les investisseurs trouveront plus de potentiel d'appréciation chez les rivaux de Metro, Loblaw et Empire, pense Peter Sklar. Le redressement de Loblaw et l'achat par Empire de Canada Safeway donneront meilleure allure à leur flux de trésorerie disponible, à partir de 2014. Ce critère favorisait Metro, auparavant. Déjà, en novembre dernier, l'expert de la BMO trouvait le titre pleinement évalué alors qu'il se mesurait encore à la barre des 60$.

Keith Howlett, Valeurs mobilières Desjardins

«Metro améliore continuellement ses affaires, comme en témoignent son plan de revitalisation des 15 magasins sous-performants en Ontario et le nouveau partenariat avec Target au Québec. Il semble, cependant, que l'inévitable s'est produit, compte tenu de l'état du marché de l'épicerie au Québec où Metro n'a guère de place pour l'expansion. La pression va s'accroître pour que Metro augmente son empreinte au-delà de l'Ontario et du Québec», a écrit l'analyste Keith Howlett, de Valeurs mobilières Dejardins, à l'occasion de la publication des derniers résultats trimestriels de l'entreprise montréalaise. L'analyste a alors changé sa recommandation d'achat pour une suggestion de "conserver" et réduit sa cible de prix à 70$, pour refléter les perspectives limitées de croissance qu'il trouve au bénéfice par action à court terme.

Les optimistes

Irene Nattel, RBC Marchés des capitaux

Avec les 800 millions que lui vaut sa participation dans Alimentation Couche-Tard, dont 412 millions se sont déjà matérialisés, Metro a plus d'une occasion de bonifier la valeur de ses actions, croit Irene Nattel, qui recommande l'achat du titre avec un objectif de 74$ pièce d'ici 12 mois. En l'absence toutefois d'occasions d'acquisitions, l'injection de cette somme dans le rachat de ses propres actions en augmenterait la valeur unitaire de 5$, estime l'analyste principal. Metro a déjà annoncé au début du mois son intention de racheter jusqu'à 7 millions de ses actions, soit 7,6% de son encours, d'ici un an.

Vishal Shreenhar, Financière Banque Nationale

«À notre avis, le plus grand risque pour Metro est une guerre des prix possible avec ses concurrents», affirme Vishal Shreenhar, qui croit que l'épicier peut faire concurrence aux magasins à grande surface et aux supermarchés traditionnels grâce à ses analyses de la clientèle très approfondies, à des magasins plus petits et plus ciblés, à ses fortes parts de marché, bien établies en Ontario et au Québec, et à sa concentration sur les produits frais. La Nationale recommande l'achat des actions de Metro avec un cours cible à 12 mois de 75$. Cet objectif correspond à 13 fois le bénéfice par action combiné pour 2014 et 2015.