Les producteurs aurifères ne sont pas sortis du trou. Le prix de l'or a poursuivi sa descente hier pour une sixième séance consécutive, sa pire passe en 11 semaines, s'inscrivant nettement sous les 1300$US l'once, à 1283$ à la clôture, soit 19$ de moins que la veille.

Le prix de l'or a perdu près du tiers de sa valeur depuis son sommet d'octobre dernier. Il est passé sous la barre des 1200$ fin juin, avant de rebondir de 10% le mois dernier. Le prix du métal jaune varie avec les attentes quant à la masse monétaire dans les grandes économies, et particulièrement aux États-Unis. On craint que la Réserve fédérale américaine ne mette bientôt fin à son programme d'achats de titres fédéraux.

Au prix courant de l'or, plusieurs mines sont déjà dans le rouge.

La communauté financière estime à 1200$US le coût moyen «tout inclus» («all-in sustaining cost», selon la nouvelle convention du World Gold Council) d'une once d'or au Canada, ce à quoi il faut encore ajouter les frais d'administration. C'est deux fois plus que les coûts directs d'extraction, la mesure qui fut longtemps la référence aux fins de comparaison entre les mines, mais qui ne reflétait que partiellement la rentabilité de l'opération. D'autant plus que les frais d'exploitation (dont les dépenses en énergie et main-d'oeuvre) ont monté en flèche ces dernières années.

Premier producteur mondial, Barrick Gold évalue elle-même entre 1000 et 1100$US l'once son coût de remplacement pour une once d'or. La mesure est de 1135$US pour le no 2 canadien, Goldcorp. Pour sa part, l'américaine Newmont estime son coût "tout-inclus" à 1100-1200$US l'once.

Chute en Bourse

Barrick Gold et Goldcorp ont cédé plus de 6% en Bourse, hier. Avec l'écrasement de leur marge bénéficiaire et dans un contexte où les investisseurs sont de moins en moins enclins à prendre des risques, il n'est pas étonnant que ces titres aient perdu plus de la moitié de leur valeur boursière depuis 2012.

La firme EY (anciennement Ernst&Young) constate dans son plus récent rapport trimestriel Canadian Mining Eye que la capitalisation boursière de plusieurs sociétés minières canadiennes est maintenant inférieure à la valeur de leur actif. Barrick et Kinross Gold ont notamment dû déprécier leur actif de plus de 11 milliards ensemble au dernier trimestre.

EY note que les grandes entreprises minières abordent la nouvelle donne en se concentrant sur la rationalisation des activités, une gestion efficace des coûts et des pratiques efficientes de gestion du capital, y compris la cession d'actifs non essentiels. Les producteurs de moyenne importance et les juniors focalisent pour leur part sur les occasions d'achat pour obtenir la masse critique, diversifier leur profil de risque et bénéficier de synergies.

«Bon nombre de sociétés adoptent également des solutions de financement créatives en recherchant des occasions sur les marchés des capitaux par emprunt et en attirant les investisseurs privés grâce à une perspective à long terme du secteur», observent également les analystes d'EY.

La société North American Palladium a notamment réussi à emprunter 130 millions au conglomérat Brookfield Capital Partners pour sa mine de Lac des Iles, en Ontario.

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La recommandation

La firme EY prévoit qu'avec toutes les incertitudes qui prévalent, le prix des métaux devrait demeurer volatil dans les prochains mois. «Les investisseurs avec une vision à long terme reviendront dans le marché quand ils auront confiance que les prix ont touché le fond du baril et qu'il y a un potentiel de reprise», peut-on lire dans le plus récent rapport Canadian Mining Eye.