Les investisseurs qui ont participé à l'appel public à l'épargne de La Baie en novembre dernier reçoivent enfin une prime. Mais le vrai cadeau serait encore à venir.

Les actions de La Compagnie de la Baie d'Hudson [[|ticker sym='T.HBC'|]] ont bondi lundi de 6% à 17,45$ à la faveur de l'offre publique d'achat lancée sur la chaîne Saks.

Ramenée sur le marché au prix de 17$ pièce après six ans et demi d'absence, l'entreprise s'était rapidement dépréciée jusqu'à toucher un creux de 14$ pièce en avril dernier, avant de rebondir momentanément au-delà de son prix d'émission en mai dernier sur la rumeur d'un rapprochement entre les deux détaillants de moyen et haut de gamme.

Les actions de Saks [[|ticker sym='SKS'|]] ont pour leur part gagné 4% à 15,95$ US, lundi, soit tout près du prix sur la table. Elles retrouvent ainsi leur niveau de 2007 avant que les pertes récurrentes et croissantes les coulent jusqu'à ne plus valoir que quelques dollars, en 2009.

Le prix offert de 16$ est «juste», selon les premières évaluations d'analystes rapportées par la presse financière américaine. Il s'agit d'une prime de 30% par rapport au cours des actions de Saks le 20 mai, soit avant que la rumeur ne l'emporte également.

Au-delà du côté scintillant de la transaction qui unit deux grands commerçants de bijoux, vêtements griffés et meubles de designers, les investisseurs misent surtout sur la possibilité que l'entreprise fusionnée suive l'exemple enviable de Loblaw et roule une partie de ses immeubles, son véritable trésor, dans une fiducie immobilière de revenus.

L'analyste Deborah Weinswig, de Citigroup, évalue les avoirs immobiliers de la chaîne américaine à 1,5 milliard US, dont 805 millions pour son adresse sur la prestigieuse Cinquième Avenue, à New York. HBC met la main sur un ensemble immobilier «de première qualité» aux États-Unis, indique l'analyste Paul Swinand, de Morningstar, selon qui Saks possède 60% de ses 42 emplacements, dont le célèbre Saks Fifth Avenue.

Portefeuille immobilier

La chaîne canadienne compte pour sa part un portefeuille immobilier estimé à 2 milliards, qui comprend notamment l'immeuble de bureaux Simpson Tower au centre-ville de Toronto et l'ancien magasin Henry Morgan&Company, devenu La Baie en 1972, l'un des commerces les plus importants de la rue Sainte-Catherine, à Montréal.

«La combination des avoirs de Saks et de HBC crée un ensemble immobilier inégalé et de grande valeur, qui s'étend d'un océan à l'autre et dessert trois fortes enseignes», se targue d'ailleurs le président du conseil de HBC, Richard Baker, selon qui le portefeuille combiné des deux géants du commerce de détail comprend plus de 32 millions de pieds carrés d'espace de vente au détail.

Richard Baker dit envisager la création d'un fonds immobilier de revenus, entre autres possibilités. «Nous évaluons toutes les options stratégiques pour pleinement mettre en valeur le portefeuille immobilier combiné, y compris mais sans s'y limiter la création d'une fiducie immobilière. Cela permettra de débloquer de la valeur additionnelle pour notre société et accélérer sa croissance.»

Les fonds de placements immobiliers sont assurément en vogue chez les commerçants. L'épicier Loblaw a inscrit à la Bourse de Toronto, au début du mois, le fonds Choice Properties REIT d'une valeur de 7 milliards tandis que Canadian Tire assemble un fonds immobilier de 3,5 milliards attendu à l'automne prochain.

Ces fonds de briques et de mortier profitent assurément d'un fort engouement en Bourse suscité par leurs alléchants rendements en dividendes. Selon le service de recherche de RBC Marchés des capitaux, les fonds immobiliers ont produit un rendement total de 16% à la Bourse de Toronto, l'an dernier, tandis que l'indice général de référence a gagné à peine 7%.