La banque centrale des États-Unis (Fed) a annoncé mercredi qu'elle maintenait sa politique de soutien exceptionnel à la reprise économique du pays, à l'heure où la situation en Europe suscite de nouvelles craintes avec la crise bancaire chypriote.

Notant «un retour à une croissance économique modérée après la pause observée à la fin de l'année dernière», son Comité de politique monétaire (FOMC) continue néanmoins de «voir des risques de dégradation des perspectives économiques» et a abaissé sa prévision de croissance pour les deux années à venir.

Le Comité, qui a fait en décembre de la lutte contre le chômage sa priorité du moment, relève que celui-ci reste «élevé», même si son taux officiel (7,7%) est tombé à son niveau le plus faible en plus de quatre ans, tandis que l'inflation reste faible.

«Nous voyons des améliorations», a assuré le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, lors d'une conférence de presse, mais le Comité veut s'assurer qu'il ne s'agit pas d'un phénomène «temporaire».

Pour l'instant, le Comité ne perçoit «pas de risque majeur pour le système financier et l'économie des États-Unis» en provenance de Chypre, a-t-il ajouté, disant craindre en revanche que la rigueur budgétaire à laquelle les États-Unis s'astreignent depuis janvier, et plus encore depuis le début du mois, «puisse ralentir la croissance économique et les créations d'emplois dans les mois à venir».

En conséquence, et comme prévu, la Fed a confirmé la poursuite de ses injections de liquidités dans le circuit financier, au rythme de 85 milliards de dollars nets par mois, jusqu'à nouvel ordre.

À ce sujet, le Comité a légèrement modifié son langage. Il indique que ces injections (sous la forme de rachats d'obligations du Trésor et de titres adossés à des créances immobilières) continueront «jusqu'à ce que la perspective du marché du travail se soit nettement améliorée dans un environnement de prix stables».

Puissance de feu insuffisante

Le FOMC a également répété son engagement à maintenir le taux directeur de la Réserve fédérale dans la fourchette de 0 à 0,25% qui lui est assignée depuis décembre 2008, «au moins tant que le taux de chômage restera au-dessus de 6,5%», si cela ne remet pas en cause son objectif d'inflation à moyen terme (2,0% sur un an).

Toutes ces mesures ont pour but de maintenir une pression maximale sur l'ensemble des taux d'intérêt, du plus court au plus long terme, afin de favoriser l'investissement, la consommation et le marché du logement et, en fin de compte, de hâter la reprise de l'emploi.

La Fed estime désormais que la hausse du PIB américain devrait être comprise entre 2,3 et 2,8% sur un an au quatrième trimestre, et non plus 2,3 et 3,0% comme elle le prévoyait en décembre.

Les membres du FOMC continuent de penser que la croissance devrait se renforcer progressivement et estiment toujours que le franchissement, à la baisse, de la barre d'un chômage à 6,5% ne devrait avoir lieu qu'en 2015.

M. Bernanke, qui ne cesse d'appeler le Congrès à compléter l'action de la Fed en assurant la viabilité des finances publiques sur le long terme sans menacer la reprise à court terme, a rappelé que le FOMC devait arbitrer subtilement entre son objectif d'inflation et la recherche du plein-emploi.

Pour l'instant, l'équilibre est «optimal», a-t-il assuré, «cela ne veut pas dire que nous soyons satisfaits mais simplement que nous n'avons pas la puissance de feu suffisante pour ramener plus rapidement l'économie au plein-emploi».