Les exploitants canadiens devraient enregistrer une recrudescence des ventes les prochains mois à la faveur du lancement du nouveau téléphone multimédia iPhone 5, dont l'arrivée dans les boutiques devrait se traduire par de longues files d'attente d'admirateurs, ce matin même (vendredi).

L'impact d'Apple sur les affaires des Bell, Rogers et Telus s'atténue toutefois d'un lancement à l'autre.

L'iPhone 5 suscite un réel engouement chez les consommateurs, note l'analyste Maher Yaghi, dans une étude de Desjardins Marchés des capitaux, soulignant la demande refoulée pour les téléphones intelligents dans les mois précédant le lancement.

À son avis, les prévisions de ventes records pour Apple ne sont pas disproportionnées vu ses précédents succès. Il n'y aurait pas à craindre pour autant pour les approvisionnements des grands exploitants.

Les lancements de nouveaux téléphones populaires profitent cependant de moins en moins aux entreprises de téléphonie sans fil en raison de la maturité du marché, note M. Yaghi.

Les téléphones intelligents représentent maintenant près de 60% du marché du cellulaire au Canada et les clients ont généralement des programmes d'achat avec forfaits de données s'étirant sur quelques années.

Historiquement, les lancements de l'iPhone font aussi grandement pression sur les marges bénéficiaires des exploitants en raison des importantes «subventions» qu'ils doivent verser aux clients qui optent pour des contrats de trois ans.

«Apple est connu pour dicter les termes de ses structures de prix, laissant une faible marge de manoeuvre aux exploitants», note l'analyste de Desjardins.

Ainsi, le nouvel iPhone n'aura pas un apport aussi significatif que par le passé sur le revenu moyen que les exploitants tirent de chaque usager, l'an prochain. Excepté peut-être pour Bell, filiale de BCE, dont la clientèle n'est pas encore aussi gagnée au smartphone que ses concurrents.

L'analyste continue d'ailleurs à préférer BCE parmi les sociétés à forte capitalisation dans le secteur télécoms et câble.

Selon lui, l'entreprise est équipée pour poursuivre sa remontée dans le secteur du sans-fil ce trimestre et encore durant toute l'année prochaine, et rattraper ses pairs en termes de pénétration des téléphones multifonctions, revenus moyens par usager, et marges bénéficiaires.

Bell est l'exploitant le plus exposé au Québec, où la concurrence est moins forte que dans les marchés de l'Ouest et de l'Ontario, note l'analyste. Bell a également la possibilité d'accroître sa part en Colombie-Britannique et en l'Alberta, où il est sous-représenté.

Étant donné leur plus grande exposition au sans-fil en termes de rentabilité consolidée, Rogers et Telus auraient plus à perdre au niveau de leur marge bénéficiaire avec l'introduction du nouvel appareil d'Apple, sans pour autant pouvoir compenser par l'accroissement de leur base de clientèle.

Le nombre d'abonnés au service de téléphonie sans fil de Vidéotron serait de 15 à 20% plus élevé si l'entreprise pouvait offrir l'iPhone d'Apple, a reconnu mercredi le chef de la direction financière de Québecor, Jean-François Pruneau. L'iPhone ne fonctionne pas sur les fréquences utilisées par le réseau de Vidéotron, qui sont de type «AWS».

Au cours d'une conférence organisée par CIBC Marchés des capitaux, M. Pruneau a toutefois soutenu que Vidéotron offrait une gamme concurrentielle d'appareils fonctionnant sur le système Android de Google.

Il a rappelé que 68% des téléphones intelligents actuellement vendus en Amérique du Nord fonctionnent sur Android.

L'impact de l'iPhone 5 sur les affaires des exploitants se fera surtout sentir sur leurs résultats financiers du quatrième trimestre, chiffres attendus en février prochain.

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