La sécheresse, mais surtout la confiance que les banques centrales allaient adopter des mesures énergiques ont permis aux quatre principaux marchés mondiaux de s'apprécier durant le mois de juillet.

Mais la déception causée par l'absence de mesures immédiates en Europe annonce-t-elle une fin d'été beaucoup plus morose?

Pour la première fois depuis plus de deux ans, selon des données fournies par Bloomberg, les principaux marchés ont tous réalisé des performances positives.

L'honneur du rendement le plus élevé revient au secteur des commodités. L'indice des 24 principales matières premières, soit l'indice Standard&Poor's GSCI Total Return, a réalisé un rendement de 6,4% durant le mois de juillet.

Quant aux secteurs des actions (MSCI All-Country World Index) et des obligations (Bank of America Merrill Lynch's Global Broad Market Index), ils ont tous deux réalisé le même rendement durant le mois, soit 1,4%. Le dollar américain s'est pour sa part apprécié de 1,3% comparativement à un panier des six principales autres devises.

Chose certaine, ce ne sont pas les conditions économiques qui ont aidé les marchés en juillet, car la croissance ralentit partout.

Les denrées agricoles explosent

Du côté des commodités, c'est la sécheresse qui sévit dans le Midwest américain qui a fait exploser les prix des denrées agricoles, et a propulsé à la hausse l'indice des commodités.

Quant aux actions et aux obligations, ce sont les propos encourageants des dernières semaines des banquiers centraux, Ben Bernanke et Mario Draghi, qui ont permis aux marchés de terminer le mois de juillet en force.

Quel rôle ces facteurs joueront-ils au cours des prochaines semaines? S'il est difficile de prévoir la température, on sait déjà par contre que les dirigeants des banques centrales américaine et européenne tardent à passer de la parole aux actes.

Bien qu'elle réitère être prête à agir dès qu'elle jugera la chose nécessaire, la Réserve fédérale américaine (Fed) n'a annoncé aucune nouvelle mesure stimulatrice cette semaine.

Quant à la Banque centrale européenne (BCE), la promesse de Mario Draghi de prendre toutes les mesures nécessaires pour préserver l'euro devra attendre quelque peu. Il pose des conditions à l'intervention de la BCE.

Non seulement il prévient qu'elle n'agira pas seule, mais il indique qu'elle ne fera qu'appuyer les actions des fonds de stabilité financière européens. Pour l'instant, elle n'en est qu'à l'étape de l'étude d'un processus d'intervention.

Les Bourses encaissent le coup

Les Bourses ont réagi sévèrement hier au manque d'actions concrètes de la BCE. En Allemagne, l'indice DAX a cédé 2,2%, et, à Paris, le CAC-48 a perdu plus de 2,6%. Quant aux marchés américains, l'indice Dow Jones a cédé 92 points et le S&P 500 a perdu 0,74%.

Les banquiers centraux risquent-ils de gâcher la fin de l'été?

Il ne faut pas trop s'étonner de l'attentisme de la Fed, répond Paul-André Pinsonnault, économiste à la Financière Banque Nationale. Il rappelle qu'à sa dernière réunion, il y a à peine cinq semaines, elle avait annoncé le prolongement de l'opération Twist.

Elle se garde des minutions pour plus tard afin de faire face à l'éventualité de chiffres d'emploi décevants et d'une décélération de la croissance économique, croit l'économiste. Un troisième programme d'assouplissement pointe toujours à l'horizon. La prochaine réunion de la Fed est prévue pour le 12 et 13 septembre.

L'attitude de la BCE est toutefois plus inquiétante. «Il est certainement décevant que la BCE ne soit pas prête à agir de façon unilatérale dès aujourd'hui et qu'elle relance la balle dans le camp des gouvernements européens, répond Mathieu D'Anjou, économiste principal chez Desjardins. La pression sera forte sur les obligations espagnoles et italiennes dont les taux ont aussitôt remonté.»

Mais tout n'est peut-être pas perdu. Si les gouvernements européens acceptent le plan proposé par la BCE, un mécanisme assez crédible pour agir sur les marchés obligataires pourrait être mis en place assez rapidement, selon l'économiste de Desjardins. Qui plus est ce mécanisme pourrait s'accompagner d'une baisse de taux d'intérêt par la BCE dès septembre.

Les marchés auront-ils la patience d'attendre?