Le message aurait finalement passé: les producteurs d'or revoient leurs projets d'expansion pour se concentrer sur ceux de qualité supérieure et les plus avancés.

«En fin de compte, les projets de qualité restent en tête de liste avec un certain décalage, tandis que les autres verront des retards importants. En certains cas, il leur faudra attendre le prochain cycle économique des produits de base», note le service de recherche minier de la Financière Banque Nationale (FBN) dans un rapport étoffé signé par les cinq analystes sectoriels et leurs quatre assistants.

Les titres aurifères sont boudés par les marchés en dépit de la forte montée des prix de l'or et de la bonification de leurs dividendes. Les analystes accusent depuis des mois la course à la croissance des grands producteurs qui crée de l'inflation dans les coûts de production et suralimente l'offre.

Changement de cap dans l'industrie: le géant mondial BHP Billiton, par exemple, vient de mettre sur la glace des projets d'expansion de 80 milliards de dollars qui étaient prévus d'ici 2015. Les observateurs de la FBN s'attendent à d'autres annonces du genre alors que rien du genre n'était dans l'air encore au début de l'année. «Les reports sont inévitables que ce soit en raison des contraintes industrielles ou de la pression des actionnaires», notent-ils.

»Commencer petit»

«Commencer petit» serait le nouveau mot d'ordre alors que «plus gros est rarement mieux», affirme la Financière Banque Nationale. Les projets d'agrandissement gagnent la priorité, suivis par les projets de faible envergure, mais avec option d'expansion.

Pas question d'ouvrir de nouvelles mines dans ce contexte, même si la valeur actualisée nette paraît supérieure sur papier. Le risque d'exécution accru, en particulier dans les régions éloignées, et la mobilisation intensive de capitaux devraient faire pencher la balance, croient les analystes miniers de la FBN.

La Financière a passé au tamis trois producteurs majeurs (plus de 1 million d'onces d'or par année), cinq producteurs intermédiaires (plus de 250 000 onces par année) et 12 juniors (moins de 250 000 onces) en plus de 17 sociétés d'exploration, selon le degré d'avancement de leurs projets (nouveau, en chantier ou en expansion). Quatre ressortent clairement du lot et ce ne sont pas les plus en vue.

Kirkland Lake Gold (11,30$, surperformance, objectif: 23$)

Les travaux sur le site aurifère Macassa, en Ontario, permettront de porter de 65% d'utilisation à un plein rendement l'usine de la société junior Kirkland Lake Gold, dès l'automne. Les analystes de la Banque Nationale prévoient une augmentation additionnelle avec l'optimisation de la production l'an prochain. Tout cela pour un faible coût et à peu de risque, selon ces experts.

New Gold (10,29$, surperformance, objectif: 13,25$)

New Gold, un producteur intermédiaire, a l'un des plus beaux profils de risque pour ses projets, parmi tous les titres analysés, note la FBN. Les investissements sont presque terminés et la production devrait commencer cet été à la mine de cuivre-or de New Gold, située dans la région de Kamloops, en Colombie-Britannique. Les analystes estiment qu'elle permettra d'augmenter de 20% la production annuelle d'or de New Gold. Le projet El Morro, qui fait l'objet d'un différent entre Barrick et Goldcorp en tant que partenaire, n'entrerait pas en production avant 2017.

Semafo (5,50$, surperformance, objectif: 13$)

La société aurifère montréalaise Semafo compte trois mines d'or en Afrique de l'Ouest, plus précisément au Burkina Faso, au Niger et en Guinée. Cette dernière rouvrira bientôt, après avoir été fermée pendant six mois. Le producteur de moyenne importance vient d'agrandir son usine au Burkina Faso (Mana) et a engagé la phase 4 qui lui permettra de porter sa production d'or à 260 000 onces. L'économie de la région surchauffe, mais les analystes de la Nationale ont confiance en la feuille des dirigeants de Semafo pour éviter un retard ou l'inflation des coûts.

Yamana Gold (16,22$, performance moyenne, objectif: 18,25$)

Yamana Gold, un producteur majeur, reçoit une mention honorable pour la qualité de ses projets qui n'engagent que le dixième de sa capitalisation boursière. Les analystes considèrent cependant que le cours actuel du titre reflète déjà une prime de qualité.