C'était écrit dans le ciel: les marchés boursiers nord-américains ont décroché hier avec l'annonce d'une remontée du taux de chômage américain en mai, confirmant la fragilité de la croissance aux États-Unis.

À la fermeture, le Dow Jones accuse une baisse de 274,88 points ou 2,2 p. cent à 12118,57. Tous les gains de l'année courue sont maintenant effacés. L'étoile de Facebook continue notamment de faiblir à 27,72$US, une baisse de 1,88$ pour la journée et de plus de 27 p. cent depuis son entrée en Bourse.  

La chute est moins marquée, mais néanmoins substantielle à Toronto: -152 points ou 1,3 p. cent à 11361,20. Le recul est généralisé. Les institutions financières, en baisse de 2,6 p. cent, n'auront guère profité de la dernière ronde d'épandage de milliards de profits, cette semaine, pas même la Banque Nationale malgré une hausse de son dividende trimestriel. CGI, qui surclasse Research and Motion en terme de capitalisation depuis son envolée de jeudi, s'est replié hier avec le marché à 23,37$.  

Les pétrolières accusent le passage du prix du baril de Brent sous les 100$US, leur plus bas niveau depuis 16 mois. Après avoir dégringolé de plus de 15% en mai, «les cours du pétrole entament le mois de juin sur une note très sombre», a commenté Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden, en entrevue à l'agence AFP. L'indice du secteur énergétique du TSX recule de trois pour cent.

La dégringolade du brut s'est encore accentuée après le terrifiant rapport sur l'emploi aux États-Unis», premier pays consommateur de brut, observe Fawad Razaqzada, analyste du courtier GFT Markets. Le taux de chômage aux États-Unis est en effet remonté en mai pour la première fois en un an jusqu'à retrouver son niveau de mars, à 8,2 p. cent. Le rythme des embauches était le plus lent en douze mois, avec seulement 69 000 postes en plus en mai. Pour Sal Guatieri, de BMO Marchés des capitaux, c'est désormais «officiel: les nuages orageux en provenance d'Europe ont pratiquement mis un coup d'arrêt aux embauches, assombrissant de manière menaçante les perspectives de l'économie».L'étonnante faiblesse de la création d'emplois s'ajoute à plusieurs autres mauvaises nouvelles comme la baisse de l'indice manufacturier en mai après deux hausses mensuelles successives. «On sent que les entreprises se montrent plus inquiètes», note Francis Généreux, économiste principal au Mouvement Desjardins.

Seules les aurifères profitent de la situation. Des producteurs d'or comme Agnico Eagle Mines ou Iamgold ont gagné près de 10 p. cent durant la séance, hier. On peut évoquer sans se tromper les qualités de refuge de l'or en période économique trouble.

Europe

Les Bourses européennes donnaient déjà le ton (rougeâtre) avant que sonne la cloche d'ouverture de Wall Street. Au final, la Bourse de Londres accuse une baisse de 1,71% sur la semaine. La Bourse de Francfort s'est enfoncée de 4,57%. La Bourse de Paris est à son plus bas niveau depuis six mois. L'euro accuse aussi le coup. La devise européenne est tombée sous 1,23$US pour la première fois depuis début juillet 2010, avant de se reprendre légèrement.

Les places européennes avaient déjà pris un mauvais départ vendredi qu'ont accentué les mauvaises nouvelles en provenance des États-Unis. Les interrogations sur l'avenir de la zone euro restent toujours aussi vives. À cela s'ajoutent des inquiétudes sur les économies émergentes, Chine en tête, qui commencent à souffrir de la récession en Europe.

Les investisseurs soldent ainsi logiquement tous leurs actifs risqués en zone euro pour se réfugier vers des placements plus sûrs. Cette tendance perdurera tant qu'ils n'auront pas une vision plus claire de la situation en Europe», a commenté Alexandre Baradez, analyste chez Saxo Banque, en entrevue à l'AFP.