Réactions fortes des marchés à l'annonce de l'offre publique d'achat amicale de 3,3 milliards par le groupe montréalais CGI (T.GIB.A) pour son concurrent européen Logica.

Les actions du Groupe CGI ont gagné près de 15% pour atteindre jusqu'à 25,03$ à l'ouverture du marché torontois le matin.

Le titre cotait 23,95$ pièce à la fermeture, en hausse de 2,94$ sur le cours de fermeture de jeudi. Plus de 6,6 millions d'actions ont été échangées, un volume record pour le titre.

À la Bourse de Londres, les actions de Logica ont pour leur part bondi comme il se doit, clôturant la séance à 110,9 pence, en hausse de 68% sur la veille, dans un marché là aussi en hausse modérée.

C'est plus que les 105 pence offerts par CGI, ce qui laisse croire que les actionnaires pourraient se faire plus réservés qu'attendu, comme ceux de l'entreprise norvégienne Statoil semoncés cette semaine par Alimentation Couche-Tard.

Richard Nguyen, analyste de la Société Générale, estime néanmoins que «la probabilité d'une contre-offre est assez faible», en particulier de la part de concurrents européens comme les firmes françaises Atos ou Capgemini.

Les analystes soulignent généralement le prix d'aubaine obtenu par CGI à la faveur de la baisse relative de l'euro et de la chute du marché boursier européen ces derniers mois. «Une transaction stratégiquement cohérente, impeccablement prévue», commente l'analyste Ralph Garcea de la firme torontoise NCP Northland Capital Partners.

Le prix offert représente un multiple boursier de 8,8 fois les profits de Logica et 6,1 fois les profits avant intérêts, impôts et amortissement, prévus pour 2013, des multiples comparables à ceux de CGI, note l'analyste Hubert Mak de la firme torontoise Cormark Securities.

Compte tenu des 50 cents additionnels que la transaction devrait apporter au profit par action de CGI dès l'an prochain, l'analyste ajoute du coup 5$ à sa cible de prix pour le titre, portée à 30$ pièce. Cela sans compter les synergies possibles.

L'analyste qui suit le titre depuis plus de 10 ans souligne que CGI gère de mieux en mieux ses acquisitions et il ne craint donc pas le «risque d'intégration» même si Logica est plus gros que CGI. Thanos Moschopoulos, de BMO Marchés des capitaux, souligne à ce propos l'acquisition fructueuse en 2010 de la firme américaine Stanley active auprès d'agences fédérales dans les domaines de la défense, du renseignement et des activités civiles.

CGI avait remporté pour cela le prix de la transaction de l'année de l'Association for Corporate Growth National Capital.

Les analystes voient plutôt d'un bon oeil la diversification verticale obtenue par CGI à la suite de cette intégration mais s'inquiètent un peu plus pour sa diversification géographique avec une présence accrue en Europe.

«Le seul risque vient des problèmes des économies européennes», observe Keith Farrant, gestionnaire de portefeuille chez la firme française Claret, qui rappelle du même coup que c'est pourquoi CGI paie un si bas prix.

«La transaction augmente le profil de risque de CGI», note aussi M. Moschopopoulos, selon qui le marché européen comptera dorénavant pour 60% des revenus de CGI. L'entreprise tire actuellement 52% de ses revenus des États-Unis, 42% de ses activités canadiennes et 6% seulement de l'Europe.

L'entreprise de services informatiques était déjà sur la liste d'achat de 13 des 20 analystes qui suivent le titre, avant l'annonce de la mégatransaction. Six s'en tenaient alors à une recommandation de «maintenir» et aucun n'était vendeur.