Enfin un regain réconfortant en Bourse? Ou plutôt un simple sursaut d'un marché baissier?

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Pour la deuxième journée consécutive, hier, les principaux indices boursiers du monde ont enregistré des gains notables qui ont compensé en partie le fort recul de la semaine dernière.

Encore une fois, ce sont des signaux provenant des autorités politiques et financières en Europe à propos de leur crise de dettes nationales qui ont semblé réconforter les investisseurs.

Ces signaux ont émergé après quelques jours de discussions au niveau international afin d'éviter que la situation européenne ne dégénère au détriment de l'économie mondiale.

«Les dirigeants européens semblent enfin réaliser la gravité de leurs problèmes financiers et qu'ils doivent agir. C'est un réveil forcé mais déterminant pour l'Europe», a commenté Mohamed El-Erian, directeur exécutif de Pacific Investments Co. (Pimco), la plus grande firme du monde de gestion de fonds d'obligations gouvernementales.

Dans ce contexte, les principaux indices des Bourses d'Europe ont réalisé hier leur meilleur gain journalier depuis plus d'un an, variant de 4% à 6%.

À moyen terme, cependant, ce regain ne s'avère qu'un baume sur leurs pertes de valeur de 10% à 20% depuis le début de l'année.

«La situation financière en Europe est comme un patient aux soins intensifs. Malgré l'afflux de personnel médical, il n'y a pas encore de remède clair», a indiqué un gestionnaire de portefeuille d'une firme du Michigan à l'agence Bloomberg.

À Montréal, des gestionnaires de placements comme Jean-Paul Giacometti, vice-président chez Gestion Claret, ont aussi peine à voir une solution prochaine à la crise des dettes nationales en Europe.

«L'Europe est encore en pleine tempête. Et si la Grève est gardée sur le respirateur artificiel, c'est pour permettre aux banques européennes d'en réduire l'impact sur leur bilan. Car en cas de contagion vers d'autres pays très endettés, il y aurait alors un risque de faillite de certaines banques européennes, ce qui serait dramatique pour l'économie», a expliqué M. Giacometti à La Presse Affaires.

Sur les bourses nord-américaines, les principaux indices s'alignaient hier pour une deuxième séance consécutive avec des gains de plus de 2%. Mais c'était avant que des transactions opportunistes de fin de journée tempèrent ce regain.

Aux États-Unis, les trois indices boursiers les plus surveillés - Dow Jones, S&P 500, NASDAQ - ont terminé en hausse modérée de 1% environ. C'est inférieur de moitié à la cadence observée en journée, et par rapport au regain enregistré la veille, lundi.

À la Bourse de Toronto, l'indice de marché S&P/TSX a encore subi l'influence marquée d'une hausse des prix des matières premières et du pétrole pour croître de plus de 2,5% en mi-séance. La clôture s'est avérée plus modeste, tout juste sous 1%, à 11 821 points.

Depuis le week-end, le principal indice boursier au Canada a grimpé de 3%. Ce regain renfloue la moitié environ du recul de 6,5% subi la semaine dernière, qui fut le pire épisode du S&P/TSX depuis le creux boursier précédent de mars 2009.

Toutefois, les gains des deux derniers jours demeurent modestes comparés au déclin de 12% subi depuis le début de l'année.

Aussi, avec la fin de septembre qui approche, l'indice S&P/TSX bouclera un septième mois consécutif en baisse, ce qui ne s'est pas vu depuis 1984 selon un relevé de l'agence Bloomberg.

En plus des inquiétudes financières provenant d'Europe, la bourse canadienne subit les risques qu'une autre récession en Amérique du Nord et un net ralentissement de l'économie mondiale feraient peser sur les prix des matières premières. Cela dit, des professionnels du placement estiment que cette forte volatilité boursière continuera de prévaloir pour l'avenir prévisible.

Par conséquent, les investisseurs auraient intérêt comme rarement auparavant à «garder l'oeil sur l'horizon plutôt que de regarder toutes les vagues qui agitent le navire», suggère notamment Jean-Paul Giacometti, de Gestion Claret.

«C'est encore beaucoup trop volatil en Bourse pour se risquer à de quelconques prédictions. Cependant, j'observe que des mesures comme le multiple cours-bénéfice des principaux indices se sont rapprochés de leur bas historique, indique M. Giacometti.

«Donc, cela ne m'apparaît plus le moment de liquider des titres, mais plutôt de surveiller ceux qui seraient les plus intéressants à accumuler.»