En période de forte volatilité boursière, les secteurs défensifs de l'indice S&P/TSX font mieux que les secteurs cycliques comme les titres de sociétés industrielles et de matériaux. C'est en effet le cas depuis un mois et depuis le début de l'année.

«Nous croyons à un ralentissement économique avec toutes les mesures d'austérité qui vont être imposées dans les pays occidentaux. Nous évitons les secteurs cycliques et favorisons les secteurs moins liés à la performance de l'économie en général», dit Philippe Le Blanc, président de la firme de gestion de portefeuille Cote 100, de Saint-Bruno.

Un ménage n'a pas le choix d'acheter certains biens même en période difficile. C'est le cas de la nourriture et des médicaments. Il est à prévoir que des titres d'épiciers et de pharmaciens vont attirer les investisseurs qui ont connu des gains ou des pertes dans le secteur des ressources et des industrielles. L'indice du secteur de consommation courante a perdu 5,4% depuis un mois, moins que l'indice général S&P/TSX, en recul de 9,4%.

Ruée vers les dividendes

Dans d'autres secteurs défensifs, les services publics, notamment Valener, et les télécommunications, avec Bell et Rogers, ont des revenus récurrents en provenance de contrats à long terme. «Les gens ne vont pas annuler leur abonnement au câble parce qu'ils ont peur de ce qu'ils voient en Bourse», fait remarquer Denis Durand, associé principal chez Jarilowsky Fraser.

Le secteur des télécoms a été le meilleur des 10 secteurs qui composent le TSX dans les 30 derniers jours. Les services publics ne sont pas très loin derrière.

«Dans la tourmente, les entreprises de grande qualité ont toujours leur place dans un portefeuille», dit Éric F. Gosselin, planificateur financier au groupe financier Peak.

Ces sociétés versent bien souvent de généreux dividendes, ce qu'apprécient les investisseurs. Leur popularité ne se démentira pas de sitôt. La banque centrale américaine a annoncé hier à 14h que les taux d'intérêt resteraient à leur niveau plancher minimalement jusqu'en 2013.

Michel Marcoux, président d'Avantages services financiers, souligne que les fonds communs d'actions privilégiées ont mieux résisté à la tempête des deux dernières semaines que les fonds de dividendes en provenance d'actions ordinaires. Les premiers ont reculé de 2 à 3%; les seconds, de 10% et plus.

Banques: occasion d'achat

À propos de dividendes, Denis Durand, associé principal de Jarilowski Fraser, croit que les banques canadiennes ont été trop punies vendredi et lundi compte tenu de la solidité de leur capitalisation. «Ce serait une occasion d'acheter les banques», dit-il.

Leur évaluation reste raisonnable. «Beau temps, mauvais temps, les banques finissent toujours par faire de l'argent», indique François Morency, planificateur financier et président d'Aviso, les conseillers financiers.

Autre poids lourd de la Bourse canadienne, le secteur de l'énergie a subi une correction. Néanmoins, Philippe Le Blanc y prête attention.

«Peut-être le seul secteur qu'on aime dans les ressources, c'est celui du pétrole», dit-il. Pourquoi? Il est difficile d'augmenter l'offre et les nouvelles sources de pétrole sont toujours plus coûteuses. À long terme, en dépit du ralentissement de l'économie, M. Le Blanc reste convaincu que l'augmentation de la demande dans les pays émergents va plus que compenser le ralentissement en Occident.

Denis Durand, lui, attendrait que le pétrole recule encore jusqu'à 71 ou 72$ avant de racheter des pétrolières.

Dans les autres secteurs cycliques, les industrielles telles que Bombardier ont perdu 12% depuis un mois et les titres de consommation discrétionnaire ont reculé de 15%.

Pour leur part, les matériaux ont reculé de 5% depuis un mois et de 11,5% depuis le 1er janvier 2011. «Je pense qu'il y a des titres qui ont baissé exagérément comme Potash qui, selon moi, va mieux faire que le marché en général dans les deux prochaines années, peu importe ce qui se passe», dit Marc Dalpé, gestionnaire principal du Groupe DalpéMilette chez Valeurs mobilières Desjardins. Il regarde aussi Teck et HudBay. Depuis le début de 2011, il refusait de participer à notre rubrique Sélection du lundi matin, appréhendant la correction boursière.

En queue de peloton, on observe les titres technos et la santé. Les technos sont fortement tirées vers la baisse par Research In Motion qui peine à regagner la confiance des investisseurs. Dans la santé, les récents déboires de Valeant expliquent en grande partie la forte baisse.