À une semaine du vote de leurs actionnaires, le débat suscité par le projet de fusion du groupe boursier TMX de Toronto avec la Bourse de Londres (LSE) s'élève de quelques crans.

Comme certains le spéculaient, TMX et LSE ont confirmé hier l'ajout d'un dividende spécial pour leurs actionnaires. Il totaliserait quelque 660 millions de dollars lors de la clôture de leur transaction, dans quelques mois.

De plus, TMX et LSE promettent désormais à leurs actionnaires de maintenir chez leur société regroupée LTMX un dividende par action qui serait au moins équivalent à celui versé aux actionnaires actuels de TMX.

Manifestement, cette double prime en dividendes vise à contrer l'attrait de l'offre concurrente pour l'achat de TMX promue par le consortium Maple, qui comprend 13 des principales institutions financières au Canada.

En début de semaine, le principal instigateur de Maple, Luc Bertrand, aussi vice-président du conseil de la Banque Nationale, avait exprimé sa «bonne confiance» de convaincre suffisamment d'actionnaires de TMX de rejeter le regroupement avec Londres.

Des commentaires subséquents de M. Bertrand n'ont pu être obtenus avant de mettre sous presse, hier.

Une personne du milieu financier montréalais a suggéré à La Presse Affaires que «si TMX et LSE augmentent autant leur offre, c'est sans doute qu'ils craignaient de ne pas avoir assez de votes positifs dans une semaine».

Au Québec, le consortium Maple comprend la Banque Nationale, le Mouvement Desjardins, la Caisse de dépôt et placement ainsi que le Fonds de solidarité FTQ. Pour qu'il suive son cours, le projet de fusion de TMX avec Londres doit obtenir au moins les deux tiers de votes positifs au cours d'une assemblée extraordinaire jeudi prochain, le 30 juin, à Toronto.

Les actionnaires de LSE voteront aussi le même jour à Londres, mais l'issue positive de leur vote fait peu de doute par rapport à celui de Toronto.

Selon les termes du projet convenu avec Londres, qui se réglerait par échange d'actions, l'offre bonifiée aux actionnaires de TMX s'élève maintenant autour de 3,9 milliards CAN.

C'est l'équivalent de 48,80$ par action selon la valeur courante des actions de LSE, ainsi que le dividende spécial promis en clôture de transaction.

En comparaison, l'offre concurrente du groupe Maple, qui veut garder TMX sous contrôle canadien, est évaluée à 3,6 milliards ou quelque 48$ par action de TMX.

Cette offre est composée surtout de comptant, mais aussi d'un échange d'actions d'une future société Maple, après son achat de TMX.

Propositions semblables

Selon la valeur par action à court terme, les deux propositions semblent désormais équivalentes pour les actionnaires de TMX.

En Bourse, hier, les actions de TMX ont sursauté de 1,5% après l'annonce des groupes TMX et LSE. Elles ont terminé en hausse de 1%, à 44,25$, ce qui est légèrement sous le sommet de 45$ atteint le 1er juin.

Au cours d'un bref entretien avec La Presse Affaires, hier, le chef de la direction de TMX, Thomas Kloet, a admis que l'ajout d'un dividende spécial était une réponse aux «discussions» avec des actionnaires.

«Certains ont manifesté leurs préoccupations de voir le taux actuel de dividende de TMX être trop dilué après la fusion (par échange d'actions) avec LSE», a indiqué M. Kloet.

«L'ajout d'un dividende spécial renforce la confiance de nos actionnaires envers la valeur supérieure de notre projet avec la Bourse de Londres, afin de créer un nouveau groupe boursier international.»

Quant à la source des fonds pour le dividende spécial de 660 millions en tout, le chef de la direction de TMX a indiqué qu'il proviendra surtout du «comptant disponible» chez les sociétés TMX et LSE.

L'autre partie proviendra d'un financement spécial mais qui sera toutefois sans effet notable sur l'endettement de la future société regroupée LTMX, a insisté Thomas Kloet.

Dans leur communiqué d'hier, TMX et LSE reprennent d'ailleurs l'argument de la dette future de leur société regroupée pour critiquer de nouveau l'offre concurrente de Maple.

Selon le tandem, même après le dividende spécial aux actionnaires, la dette nette attribuable à TMX après la fusion serait limitée à 1,4 fois son bénéfice d'exploitation (BAIIA) des 12 derniers mois, en date du 31 mars dernier. En comparaison, toujours selon TMX et LSE, la dette future de TMX après son rachat par Maple serait haussée à 2,9 fois son BAIIA depuis un an.

Cette dette grimperait même à 3,7 fois le BAIIA après l'achat par TMX de la Bourse alternative Alpha et de la société de compensation CDS, tel que le prévoit le plan d'affaires de Maple.

«La future TMX sous Maple serait l'une des sociétés boursières les plus endettées du monde», prétendent TMX et LSE.