Les marchés boursiers ont réagi négativement à la hausse subite du prix du baril de pétrole. Les principaux marchés ont terminé en baisse. Au Canada, seul le secteur de l'énergie a trouvé grâce aux yeux des investisseurs qui souhaitaient encaisser leurs profits.

Aux États-Unis, le Dow Jones a perdu 1,44%, à 12 213 points. Le S&P a pour sa part descendu de 2,05% à 1315 points. Au Canada, le S&P/TSX a terminé la séance à 13 964 points ou 1,13% plus bas que lundi.

Hormis l'énergie, tous les secteurs sont dans le rouge. Les titres aurifères se sont tirés d'affaire en ne perdant pratiquement rien.

Les titres canadiens ont joué en quelque sorte le rôle de valeur refuge parmi les titres pétroliers, étant situés géographiquement loin du Moyen-Orient, d'expliquer Stéfane Marion, économiste en chef à la Financière Banque Nationale.

"Le marché donnait des signes de vouloir être suracheté au cours des derniers jours, dit Pierre Lapointe, stratège mondial chez le courtier Brockhouse Cooper. Il ne serait pas surprenant que certains joueurs du marché retirent des billes. C'est ce qu'on a fait, nous, jeudi. Nous suggérons de rester surpondéré en action, mais moins qu'avant."

L'or a bondi de 11,10$US, à 1399,70$US l'once. Le dollar canadien a terminé la journée à parité avec le billet vert américain. Le prix du baril à New York a gagné 5,71$US à 95,42$US.

M. Lapointe ne serait pas surpris de voir le prix du pétrole s'emballer un peu. Avec les turbulences que connaissent certains pays de l'OPEP, il leur sera possiblement difficile d'accroître leur production. Le stratège n'écarte pas la possibilité que le prix du baril puisse monter jusqu'à 120$ à court terme. "Nous suggérons encore de surpondérer ses avoirs en titres énergétiques", souligne-t-il.

L'économiste Maurice Marchon met toutefois en garde les petits investisseurs de réagir trop promptement. "C'est du court terme à moins qu'il n'y ait des interruptions de livraisons de pétrole et que la Libye sorte du marché pour une période de temps indéterminé. Pour l'instant, c'est plus une correction de marché qu'autre chose", croit le professeur d'économie à HEC Montréal.

Stéfane Marion, économiste en chef de la Financière Banque Nationale, n'est pas prêt lui non plus à appuyer sur le bouton de panique. "Pour l'instant, il y a certains éléments dans le marché qui laissent sous-entendre qu'il n'y a pas de nervosité extrême", dit-il. Le dollar américain reste inchangé par rapport à l'euro. Les taux obligataires américains non plus ne sont pas descendus autant qu'on aurait pu le penser. Tout ça fait dire à M. Marion que l'impact durable d'un quelconque effet libyen sur l'économie mondiale est loin d'être une certitude. "Ça fait longtemps qu'il n'y a pas une eu une correction de marché", fait-il remarquer.

Les titres des compagnies aériennes malmenés

Parmi les secteurs perdants à la Bourse de Toronto hier, on trouve les titres cycliques. Les matériaux reculent de 2,5%. Les titres industriels perdent près de 2%.

Les titres des compagnies aériennes ont reculé devant les perspectives d'une flambée du prix du carburant. Ceux-ci adoptent différentes stratégies de couverture pour limiter leur risque advenant une flambée de l'or noir.

Transat (TRZ.B) a perdu 3,29% ou 0,57$ à 16,75$. "On l'a toujours fait et on utilise toujours une stratégie de couverture. Ce ne sont pas des protections à 100%. Mais ça ne devrait pas en principe affecter notre bénéfice au cours des prochains mois", assure Pierre Tessier, porte-parole.

L'action du principal transporteur aérien au pays, Air Canada (AC.B), a glissé de 7,03% ou 0,23$. Le 10 février dernier, Michael Rousseau, vice-président général et chef des affaires financières précisait qu'environ le quart de ses besoins en carburant pour 2011 était sujet à un prix plafond moyen de 94$US.

Quant à savoir quels seront les gagnants et les perdants si jamais le pétrole devait continuer à se vendre pendant des semaines au-dessus de 100$US le baril, M. Marion fait confiance à la résilience de l'économie mondiale. "Dans un contexte où il y a un élan économique positif, on peut absorber une certaine hausse du prix des matières premières dans un contexte où les taux d'intérêt restent bas et l'inflation sous contrôle", dit-il.

Par contre, si le prix du pétrole devait continuer de grimper et atteindre les 145$US le baril comme en novembre 2008. Les risques d'une récession mondiale augmentent considérablement, s'entendent à dire MM. Marchon et Marion.

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Les 12 membres de l'OPEP Organisation des pays exportateurs de pétrole

Algérie

- Angola

- Arabie Saoudite

- Émirats arabes unis

- Équateur

- Irak

- Iran

- Koweït

- Libye

- Nigeria

- Qatar

- Venezuela