Après une année faste en 2009, les détenteurs de fonds communs font marche arrière depuis le début de 2010. La majorité des catégories de fonds ont perdu du terrain, en raison des craintes que l'économie replonge en récession.

«Une chose est sûre: la reprise économique mondiale a perdu de l'élan. Il n'est pas étonnant que les Bourses aient bu la tasse», estime Sherry Cooper, vice-présidente et stratège au Groupe financier BMO.

Ce sont les fonds d'actions européennes qui y ont goûté le plus, encaissant une perte de 15% depuis le début de l'année, selon les données préliminaires de Morningstar Canada.

Des pays comme la Grèce ont vécu une crise de leurs finances publiques. Pour rétablir l'équilibre budgétaire, plusieurs pays ont sabré les dépenses et relevé les taxes. Un coup dur pour leur économie déjà chambranlante.

La situation n'est guère plus rassurante ailleurs dans le monde, notamment sur les marchés émergents qui ont servi de locomotive pour la reprise économique mondiale. Depuis six mois, les fonds d'actions chinoises ont perdu 9%, tandis que les fonds d'actions de pays émergents ont baissé de 7%.

«Un ralentissement abrupt de la croissance économique en Chine reste un facteur de risque majeur, dans le contexte où la banque centrale tente de contenir l'augmentation du prix des maisons et des prêts bancaires», indique Martin Roberge, stratège quantitatif chez Valeurs mobilières Dundee.

De leur côté, les États-Unis ont reçu une marée de mauvaises nouvelles économiques, depuis trois mois. Dans l'immobilier résidentiel, la reprise embryonnaire a avorté. Les consommateurs ont perdu le moral et préfèrent se serrer la ceinture, comme en témoigne le ralentissement des ventes de véhicules. Et les entreprises gardent le pied sur le frein pour l'embauche.

Tout cela explique la baisse de 7% des fonds d'actions américaines, durant la première moitié de 2010.

Le «moins pire» pays du monde

À nouveau, c'est le Canada qui fait le mieux... ou le «moins pire». Les fonds d'actions canadiennes ont subi une perte de 5% au premier semestre. Grâce aux dividendes, les fonds d'actions canadiennes de revenu ont baissé de seulement 2%.

Il faut dire que la Bourse de Toronto a une forte teneur en sociétés aurifères, qui forment 13% de l'indice S&P/TSX composé. Et le spectre d'une nouvelle récession a gonflé de 14% le prix de l'or qui clôturé la mi-année à 1244$US l'once.

Justement, ce sont les fonds de métaux précieux qui ont fourni la meilleure performance en 2010, avec un gain de 12%.

Les fonds de titres à revenus fixes ont aussi fait bonne figure, progressant d'environ 4% au premier semestre. Les investisseurs inquiets se sont réfugiés dans les obligations, entraînant une augmentation de la valeur des titres et, par le fait même, une baisse de leur rendement.

«Les obligations américaines de 10 ans se négocient à 3,09%, leur plus bas niveau depuis mai 2009. Leur rendement avait atteint 4% en avril, mais il a replongé en raison de l'aversion au risque et des pressions inflationnistes contenues», explique Vincent Delisle, stratège chez Scotia Capitaux

Marchés monétaires

Quant aux fonds de marchés monétaires, ils n'ont rapporté que des poussières (0,1% en six mois). En juin, les Canadiens ont d'ailleurs retiré plus d'un milliard de dollars des fonds de marchés monétaires, selon les données publiées hier par l'Institut des fonds d'investissement du Canada (IFIC).

Les investisseurs ont certainement jugé que les comptes d'épargne à intérêt élevés, qui versent jusqu'à 2% d'intérêt, étaient une solution plus payante pour stationner leur argent à court terme.