Dans un contexte où les taux d'intérêt vont augmenter avant longtemps, il n'est guère facile d'obtenir un rendement supérieur à l'inflation, voire même de protéger son capital sur le marché des titres à revenu fixe.

Pourtant, ils restent un élément essentiel d'un portefeuille équilibré.

Michel Doucet, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Valeurs mobilières Desjardins, recommande lui aussi les échéances courtes, d'au maximum cinq ans, pour cette portion du portefeuille, au cours des 12 à 18 prochains mois.

 

«D'ici un an, un an et demi, les taux vont avoir grimpé de 100 à 150 centièmes sur toute la courbe», explique-t-il. Les longues échéances vont se déprécier.

Trois facteurs convergent vers une nécessaire hausse des taux dont la faiblesse extrême actuelle pouvait se justifier seulement par temps de crise.

Or, l'économie canadienne est en reprise et passera bientôt en phase d'expansion soutenue (dès l'été prochain selon la Banque du Canada).

Le Canada est bien placé pour profiter de la croissance chinoise, moteur de la reprise mondiale dont profitent jusqu'ici surtout ses voisins immédiats, et de celle des États-Unis qui va s'affirmant.

Dans ce contexte, la Banque du Canada n'aura d'autre choix que de majorer son taux directeur. M. Doucet croit qu'il passera de son creux historique actuel de 0,25% aux environs de 3,0%, à la fin de 2011, mais que le mouvement s'amorcera seulement l'automne prochain. D'autres économistes croient que les hausses commenceront plutôt l'été prochain.

Parallèlement, les États inondent le marché d'obligations. «Comme en 1994 et 1998, je m'attends à ce que les acheteurs de dettes exigent une meilleure compensation», explique M. Doucet.

On fait beaucoup état ces jours-ci des dettes publiques grecque et espagnole qui mettent l'euro sous pression. On oublie que celle des États-Unis ne sera pas piquée des vers non plus. Elle équivaut à 127% du produit intérieur brut (PIB), si on inclut la dette des municipalités, des États et des sociétés commanditées comme les prêteurs hypothécaires Fannie Mae, Freddy Mac et Ginnie Mae. Cela fait la bagatelle de 18 000 milliards de dollars à financer. Quand il y a suroffre, il faut alors casser les prix. Sur le marché obligataire, cela signifie offrir des taux plus élevés.

Une obligation du gouvernement canadien qui vient à terme dans deux ans offre un rendement d'à peine 1,35% ces jours-ci.

Aussi, mieux vaut se tourner vers les obligations des provinces, tout aussi sûres. Une Québec de même échéance rapporte 1,80%. C'est encore peu, mais ça couvre l'inflation.

Alors, pourquoi ne pas faire un pas de plus, sans mettre en danger son capital. «Les obligations municipales offrent un rendement de 25 à 60 centièmes de plus qu'une Québec», souligne M. Doucet. Par exemple, une Repentigny offre un rendement de 2,49% ces jours-ci.

Pour l'investisseur capable de tolérer un peu plus de risque, M. Doucet recommande l'achat d'actions privilégiées plutôt que les obligations d'entreprise.

Outre un traitement fiscal plus avantageux, le dividende d'une privilégiée, émise par une banque par exemple, est souvent aussi élevé, voire davantage que le coupon d'une obligation.