La Bourse de New York a chuté jeudi à son plus bas niveau depuis début novembre, dans un marché saisi d'inquiétude pour le marché de l'emploi aux États-Unis et les difficultés budgétaires de certains pays européns.

Un peu partout sur la planète, les boursicoteurs vont scruter les données sur le chômage qui sont publiées ce matin à la recherche d'un signe d'espoir. Un espoir bien difficile à trouver hier, alors que de New York à Toronto en passant par l'Europe, les places boursières ont enregistré de forts reculs.

Le marché table sur la création de 15 000 emplois aux États-Unis en janvier, rappelle Luc Girard, directeur, Groupe-conseil en portefeuille, chez Valeurs mobilières Desjardins. «Si c'est en bas de ça, c'est sûr que ça va être un autre catalyseur négatif.»

«Notre hypothèse, c'est que les chiffres de janvier (dévoilés ce matin) pourraient décevoir les investisseurs», avertissait aussi Frederick Dickson, de DA Davidson, en entretien à l'AFP. «Si cela arrive, on devrait très probablement voir le repli actuel du marché s'accentuer.»

Hier, les données sur le front de l'emploi aux États-Unis n'avaient rien d'encourageant. Le nombre de nouvelles inscriptions au chômage est remonté à 480 000 la semaine dernière. Les économistes s'attendaient à une baisse à 455 000.

«C'est comme si on avait un peu d'huile, puis on a mis ça sur le feu», poursuit M. Girard. Résultat: la Bourse de New York a baissé à son plus bas depuis novembre - le Dow a même passé sous les 10 000 points à 15h58, avant de remonter au-dessus de ce seuil psychologique.

À Toronto, l'indice principal a connu sa pire chute en quatre mois, le sous-indice des matériaux de base perdant à lui seul plus de 5%. Le pétrole et gaz a fait un peu mieux, reculant de 2,2%.

En fait, seul le secteur des télécoms a fini la séance dans le vert, aidé par les résultats de BCE inc. Open Text, de Waterloo, faisait bande à part, grimpant de plus de 9%, à 46,98$, après la publication de résultats surprenants au deuxième trimestre.

Quand Luc Girard dit que les données sur l'assurance-chômage ont jeté de l'huile sur le feu, il fait allusion à une série de mauvaises nouvelles qui agacent les marchés depuis la mi-janvier. Ce fut d'abord le resserrement du crédit en Chine, puis, maintenant, la crise budgétaire en Grèce et celle, naissante, en Espagne et au Portugal. Les places boursières de ces deux pays ont enregistré des pertes avoisinant les 5% hier, plus que la moyenne européenne.

«Ces économies travaillent fort pour payer leurs dettes, souligne l'analyste torontoise Laura Wallace à Bloomberg. Cela a un impact sur la croissance mondiale et cette croissance est cruciale pour le Canada, en raison de notre important secteur des ressources.»

Un autre facteur qui a fait mal au secteur des matériaux hier, c'est la force du dollar américain. Quand les investisseurs sont inquiets, ils se dirigent vers des valeurs refuges.

Le huard a donc écopé, perdant 0,91 cent US par rapport au dollar américain. Il a même connu sa pire journée en presque un an par rapport au yen japonais.

Un gagnant a été l'indice de volatilité, le VIX, qui a pris 4,21 points, à 25,81 hier. «Il s'était branché autour de 17 ou 18 points dernièrement», souligne M. Girard.

Malgré cela, le gestionnaire demeure relativement confiant. «Il faut mettre ça en perspective. On a une économie qui est en train de reprendre des forces.»

Il souligne ainsi que, «au sein du S&P 500, 78% des entreprises surpassent les attentes».

Pour mettre les choses en perspective, il rappelle aussi l'économie américaine a détruit pas moins 741 000 emplois en janvier 2009. Au Canada ce mois-là, 129 000 travailleurs avaient perdu leur job.

Peu importe les chiffres de ce matin - émanant tant de Washington que d'Ottawa - l'économie aura clairement réduit sa saignée.