Jack Ablin n'est pas seulement un stratège boursier. Il est aussi géologue à ses heures.

Dans son premier livre - Reading Minds and Markets, publié à la mi-juin -, le chef des placements de la Banque privée Harris à Chicago compare les marchés boursiers à des plaques tectoniques. «Tentez de regarder les marchés à 30 000 pieds d'altitude. De cette perspective, vous verrez les marchés comme des plaques tectoniques qui bougent lentement. Si vous êtes capables de voir les grands changements, vous prendrez moins de décisions mais elles seront plus solides », a-t-il dit au cours d'une conférence téléphonique avec des journalistes nord-américains plus tôt cette semaine.

Aux petits investisseurs, Jack Ablin conseille de délaisser l'étude minutieuse de leurs titres et de se concentrer davantage sur la sélection de secteurs. «Les gens passent beaucoup trop de temps à choisir leurs titres et pas assez de temps à choisir leurs secteurs», dit le chef des placements de Banque privée Harris, une banque du Midwest américain achetée par la Banque de Montréal en 1984.

Résolument optimiste pour les 12 à 18 prochains mois, Jack Ablin prévoit que l'indice américain S&P 500 gagnera 10% en 2009 et entre 10% à 15% en 2010. Il aime aussi les perspectives de croissance de l'indice de la Bourse de Toronto. «Les marchés boursiers axés sur les matières premières comme le Canada risquent de bien faire au cours de la prochaine reprise économique, dit-il. Nous aimons aussi les petites capitalisations (small caps) mondiales, qui sont actuellement 40% moins cher que les petites capitalisations américaines »

Jack Ablin n'espère pas des vents favorables en Bourse sans raison. Premièrement, le ratio cours-bénéfices des actions est actuellement très faible sur une base historique. Ensuite, l'économie s'améliore. Même aux États-Unis, pays des crises financière et immobilière. «Nous devrions avoir une croissance positive du PIB américain au troisième trimestre de 2009 », dit-il.

Troisièmement, les liquidités ne manquent pas sur les marchés financiers. «Quarante-trois pour cent de l'argent est placé sur les lignes de côté, dans les fonds monétaires qui rapportent entre 0,5% et 1,0%, dit-il. Généralement, quand cette proportion est à 25%, ça signifie le début d'une reprise boursière. »

Sa dernière raison mais non la moindre: la psychologie des investisseurs, un des sujets de prédilection de Jack Ablin quand il commente l'actualité financière à la télé (CNBC) ou dans la presse écrite (Bloomberg, Barron's, The Wall Street Journal). «Les investisseurs viennent de passer de la panique au scepticisme, dit-il Quand ils seront moins sceptiques, ils investiront plus d'argent dans les marchés boursiers. »

D'ici-là, le géologue de la Bourse continue de surveiller ses plaques tectoniques.

Reading Minds and Markets: Minimizing Risk and Maximizing Returns in a Volatile Global Marketplace, par Jack Ablin, Financial Times Press, juin 2009.