Frappées de plein fouet l'année dernière, les Bourses des pays émergents sont reparties à toute vitesse depuis le début de 2009.

«Les investisseurs s'étaient positionnés pour l'apocalypse, mais ce n'est pas arrivé», explique Benoit Paradis, gestionnaire d'actions canadiennes et internationales chez McLean Budden. Pour profiter du rebond, les investisseurs ont collé l'accélérateur au tapis, dès qu'ils ont entrevu les premiers signes d'amélioration économique.

Résultat: l'indice MSCI Barra des pays émergents est en hausse de 25% depuis le début de l'année, loin devant les Bourses des pays industrialisés du G7 qui n'ont repris que 3,7% en 2009.

En tête de peloton, la Russie a repris plus de 40%, grâce à l'envol du prix du pétrole. Stimulé par les ressources naturelles, le Brésil a bondi de 33%. Et la Chine a gagné 25%.

Le plan de relance de la Chine commence à porter fruit. Ces derniers mois, plusieurs indicateurs se sont redressés, notamment les ventes d'automobiles qui ont explosé de 50% en avril par rapport à l'année précédente, alors qu'elles reculaient de 34% aux États-Unis. D'ailleurs, le nombre de véhicules vendus en Chine a maintenant dépassé le nombre de véhicules vendus aux États-Unis.

«Le plan de relance de la Chine a un impact plus rapide que celui des États-Unis, car il met plus l'emphase sur le développement des infrastructures, tandis que le plan d'Obama est plutôt un plan social», explique M. Paradis.

Et là-bas, tout bouge plus vite. «On peut annoncer une mesure et, le lendemain, il y a 1000 travailleurs dans la rue! Dans les pays émergents, les processus sont moins longs», ajoute Frédéric Imbeault, gestionnaire d'actions asiatiques chez Hexavest.

Mais selon lui, les pays émergents profitent aussi des mesures de relance annoncées par les États-Unis. «Chaque fois que la Réserve fédérale américaine baisse ses taux de façon drastique, cela crée un environnement favorable pour les marchés émergents», dit-il.

Pour repartir l'économie, les États-Unis ont doublé leur masse monétaire. L'augmentation des liquidités rejaillit sur les marchés émergents, qui sont abreuvés plus vite étant donné leur plus petite taille.

L'Asie devant

Plusieurs considèrent que les pays émergents sortiront gagnants de la crise financière qui a secoué la planète. L'investisseur vedette George Soros est de ce nombre: «La dégringolade de l'économie a cessé. L'Asie sera la première à sortir de la crise», a-t-il confié aux médias, hier.

Douglas Porter partage son point de vue. «Il y a des raisons de croire que les pays émergents peuvent émerger plus vite et plus forts que les pays industrialisés, dans la phase de reprise», estime l'économiste en chef adjoint aux Marchés des capitaux BMO.

Selon lui, les pays émergents offrent l'une des plus belles occasions de placement à moyen terme, parce que leurs perspectives de croissance sont plus fortes et aussi parce que leurs assises économiques se sont améliorées par rapport aux décennies passées (ex: fardeau de la dette, inflation, déficit budgétaire).

De manière générale, «les sociétés en Asie sont moins endettées qu'il y a 10 ans et que leurs concurrentes des pays industrialisées», confirme M. Imbeault. De plus, leur structure d'affaires est moins «exotiques» qu'en Occident. «Il y a une perception que les marchés émergents sont plus sécuritaires parce qu'elles n'ont pas d'actifs toxiques. Leurs banques ne risquent pas d'être nationalisées, comme on l'a vu au Royaume-Uni», indique M. Paradis.

Mais il ne faut pas se leurrer, l'envolée récente des Bourses des pays émergents est principalement due aux plans de relance des gouvernements, à la baisse des taux d'intérêt, et à l'ajustement des stocks des entreprises.

Une telle dose d'adrénaline pourrait réanimer un mort, lance en blague M. Imbeault. «Pour que la reprise soit durable, à moyen terme, il faut que la demande reprenne», dit-il. Autrement, les Bourses pourraient facilement plonger à nouveau.