Il faudra 15 ans à Bombardier, par l'entremise des ventes de la CSeries et de l'avion d'affaires Global 7000, pour rembourser le prêt de 372,5 millions $ obtenu la semaine dernière auprès du gouvernement Trudeau.

Le constructeur d'avions et de matériel roulant a fourni quelques autres détails entourant cette aide financière, jeudi, dans le cadre du dévoilement de ses résultats du quatrième trimestre et pour l'exercice 2016.

«Cela se fera sur une période significative, la durée du programme est d'environ 15 ans, incluant une période de grâce pour les deux premières années, où il n'y aura pas de remboursement», a expliqué le chef de la direction financière, John Di Bert, au cours d'une conférence téléphonique avec les analystes.

Bombardier s'attend à recevoir annuellement entre 70 millions $ et 100 millions $ d'Ottawa pour poursuivre le développement du Global 7000 et terminer celui de l'avion commercial CSeries. Au total, les deux tiers du prêt - 248 millions $ - seront alloués au jet d'affaires et le tiers - 124 millions $ - à la CSeries, dont l'assemblage est effectué à Mirabel.

L'avionneur commencera également à rembourser cette année le prêt de 350 millions $ consenti par Ottawa en 2005 pour la CSeries.

Dans le passé, les coups de pouce financiers octroyés à l'entreprise ont été critiqués à plus d'une reprise par le Brésil, qui vient de déposer une plainte à l'Organisation mondiale du commerce après que son plus important avionneur, Embraer, eut accusé Québec et Ottawa d'accorder une aide financière injuste à Bombardier. Les autorités brésiliennes en ont particulièrement contre l'investissement de 1 milliard $ US effectué par l'État québécois dans la CSeries.

Pour sa part, le président et chef de la direction de la multinationale québécoise, Alain Bellemare, affirme que le prêt constitue un signal fort au secteur aéronautique canadien ainsi qu'aux sociétés qui dépensent d'importantes sommes dans la recherche et le développement.

Livraisons: la cible inchangée

Entre-temps, Bombardier assure être capable de livrer jusqu'à 35 appareils CSeries cette année en dépit des problèmes de production qui persistent chez Pratt & Whitney, le fabricant des moteurs qui propulsent cet avion commercial.

Ainsi, les livraisons devraient surtout s'effectuer dans la deuxième moitié de l'année puisque le motoriste de la CSeries s'affaire toujours à régler les problèmes ayant contraint Bombardier à livrer seulement sept avions - plutôt que les 15 anticipés - à ses clients en 2016. La dernière livraison a eu lieu en décembre dernier.

«Nous avons quelques défis techniques sur lesquels nous travaillons avec Pratt & Whitney, mais rien n'affecte la capacité des compagnies aériennes à exploiter l'avion», a expliqué M. Bellemare.

Jusqu'à présent, Bombardier a livré des CS100 et CS300 à Swiss Air Lines et airBaltic. Korean Air devrait devenir cette année la première compagnie aérienne asiatique à accueillir la CSeries dans sa flotte d'appareils.

En 2016, Bombardier a affiché une perte nette de 981 millions $ US, ou 48 cents US par action, ce qui est largement inférieur à la perte de 5,34 milliards $ US, ou 2,58 $ US par action, enregistrée l'an dernier.

Les recettes ont pour leur part reculé de 1,8 milliard $ US, à 16,34 milliards $ US.

Cela n'a pas empêché M. Bellemare de rappeler une fois de plus que son plan de redressement de cinq ans progressait rondement puisque l'entreprise a été capable de réduire ses pertes et augmenter ses marges.

«Maintenant que nous avons traversé une année de transition, nous pouvons recommencer à générer de la croissance et des bénéfices», a-t-il affirmé aux analystes.

Le grand patron de l'avionneur a ajouté avoir tiré des leçons du développement de la CSeries, qui a souffert de délais et d'importants dépassements de coûts.

De l'avis de M. Bellemare, cela aidera à peaufiner le développement du Global 7000, son plus important avion d'affaires, dont l'entrée en service est prévue à la fin de 2018.

«Comme avec n'importe quel nouveau programme, nous avons rencontré des écueils en chemin, mais (avec le Global 7000) nous n'anticipons rien d'anormal», a-t-il dit.

Quant à sa performance au quatrième trimestre, Bombardier a raté certaines cibles fixées par les analystes, réduisant néanmoins sa perte.

Pour la période de trois mois terminée le 31 décembre, la multinationale a affiché une perte nette de 259 millions $ US, ou 12 cents US par action, par rapport à 677 millions $ US, ou 31 cents US, à la même période en 2015.

Ses revenus ont fléchi de 12,7 %, à 4,38 milliards $ US, ce qui est essentiellement attribuable à un marché des jets d'affaires qui tarde à reprendre du poil de la bête ainsi qu'à un recul de la demande dans le secteur ferroviaire. La division derrière les avions Learjet, Global et Challenger a notamment vu ses recettes plonger de 20 %, à 1,65 milliard $ US.

Abstraction faite des éléments non récurrents, Bombardier a enregistré une perte ajustée de 141 millions $ US, ou 7 cents US par action, en comparaison d'un bénéfice de 9 millions $ US il y a un an.

Les analystes sondés par Thomson Reuters tablaient sur une perte ajustée par action de 3 cents US par action et sur un chiffre d'affaires de 4,64 milliards $ US.

Toutefois, Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, a préféré mettre l'accent sur les flux de trésorerie disponibles à la fin du trimestre, qui, à 496 millions $, ont largement dépassé sa cible de 326 millions $ US.

L'action de Bombardier a clôturé jeudi en baisse de 8 cents, soit 3,1 %, à 2,50 $ à la Bourse de Toronto.