L'action de Bombardier gagnait 7% jeudi matin après que Delta Air Lines ait confirmé l'achat de 75 avions CS100 à Bombardier, une commande de 5,6 milliards US aux prix courants qui permet à la famille d'avions C Series de véritablement prendre son envol.

À 9h45, le titre de Bombardier prenait 6,97% ou 0,14$ à 2,15$ à la Bourse de Toronto.

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«Nous sommes très fiers d'accueillir Delta comme client C Series et d'élargir notre partenariat avec un transporteur aérien aussi prestigieux, a déclaré dans un communiqué le PDG de Bombardier, Alain Bellemare. Compte tenu de la position de Delta parmi les transporteurs aériens les plus grands et les plus respectés au monde, cette entente est un appui sans équivoque aux avions C Series en tant qu'avions les plus performants du segment d'appareils de 100 à 150 sièges. L'ajout de Delta à notre liste de clients de marque C Series nous donne un élan formidable, alors que nous approchons de l'entrée en service cet été», a conclu M. Bellemare.

«Ces nouveaux avions représentent un investissement robuste et nous permettront de tirer profit d'économies supérieures en frais d'exploitation, de souplesse pour notre réseau et de la meilleure performance carburant de sa catégorie», a affirmé le nouveau chef de la direction de Delta, Ed Bastian.

Les livraisons de ces avions de 108 à 130 places doivent débuter en 2018. Les appareils remplaceront des E190 d'Embraer. L'entente prévoit des options pour 50 avions CS100 additionnels ou des CS300 de 130 à 160 sièges. Contrairement à ce qu'avaient prévu plusieurs observateurs, la commande de C Series de Delta ne vise pas à remplacer ses avions MD-88 de 150 places, dont l'âge moyen dépasse les 25 ans.

On en saura plus sur le contrat lors d'une conférence de presse qui aura lieu à 10h à Mirabel en présence du ministre responsable de la région de Montréal, Martin Coiteux.

La rumeur d'une commande importante de la deuxième plus grande compagnie aérienne américaine courait depuis qu'un pilote a posté un message sur un forum spécialisé en ligne, le 1er avril. Elle s'est amplifiée il y a un peu plus de deux semaines, donnant du tonus à l'action de Bombardier, qui s'est appréciée de 49 % depuis le 13 avril.

Objectif atteint

Delta devient ainsi le plus important client de la C Series. Son contrat permettra à l'avionneur d'atteindre l'objectif qu'il s'était fixé en vue de l'entrée en service de la C Series, soit 300 commandes. On s'attend à ce que la lettre d'intention signée en février par Air Canada pour 45 appareils CS300, d'une valeur de 3,8 milliards US aux prix courants, soit convertie en commandes fermes demain, à l'occasion de la publication des résultats trimestriels du transporteur et de l'assemblée annuelle de Bombardier, qui se tiendra dans ses installations de Mirabel.

Pour Bombardier, cette marque de confiance d'un transporteur respecté ne survient pas trop tôt. Certes, la multinationale québécoise avait pu compter sur une commande de la prestigieuse compagnie Swiss, filiale du géant allemand Lufthansa, lors du lancement de la C Series, en 2008, mais ces dernières années, les commandes s'étaient faites rares, surtout de la part de clients réputés. Sans oublier qu'il a fallu deux ans de plus que prévu pour mener le projet à terme, ce qui a fait passer ses coûts de 3 à 5 milliards US.

Le programme est maintenant bien en selle, Bombardier ayant accumulé suffisamment de commandes d'avions C Series pour occuper pleinement sa chaîne de montage pendant au moins cinq ans. Même des analystes qui ne croyaient pas à la C Series, comme Richard Aboulafia de la firme américaine Teal, reconnaissent aujourd'hui que le programme a des chances de succès. L'analyste Chris Murray, de la firme AltaCorp, souligne que la C Series a désormais plus de commandes que l'A320 d'Airbus au moment de son entrée en service, en 1988.

Résultats

Bombardier a par ailleurs fait état d'une perte nette de 138 millions US au premier trimestre, qui a pris fin le 31 mars. Pendant la même période de l'an dernier, l'entreprise montréalaise avait enregistré des profits nets de 100 millions US. Les revenus trimestriels ont atteint 3,9 milliards US, en baisse de 11 %. La rentabilité des quatre secteurs d'activité de Bombardier a reculé, mais l'entreprise a utilisé moins de liquidités que ce à quoi s'attendaient les analystes pour financer ses projets de développement.

Le carnet de commandes s'établissait à 58,9 milliards au 31 mars, en baisse de 300 millions par rapport à trois mois plus tôt.