Les machinistes et travailleurs de l'aérospatiale somment le gouvernement de Justin Trudeau d'abandonner un projet de loi qui offre «une carte blanche» à l'exportation d'emplois à l'étranger.

Ils font circuler une pétition contre C-10, qui allège les obligations d'Air Canada sur l'entretien de ses avions au pays.

Selon le coordinateur québécois de l'Association internationale des machinistes (AIM), David Chartrand, le projet de loi «légalise» les 2600 pertes d'emplois subies avec la fermeture d'Aveos, et ouvre la porte à encore davantage de mises à pied.

«C'est la compagnie Air Canada qui va décider du volume de travail, c'est la compagnie Air Canada qui va décider du type de travail, c'est Air Canada qui va avoir une carte blanche (sur) ce qui va être fait ici comme entretien», a-t-il déploré en point de presse à Ottawa.

La nouvelle loi proposée par le ministre des Transports Marc Garneau le mois dernier modifie la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada. Elle stipule que «sans éliminer l'exercice d'activités d'entretien d'aéronefs en Ontario, au Québec ou au Manitoba», Air Canada «peut modifier le type ou le volume d'une ou de plusieurs de ces activités dans chacune de ces provinces ainsi que le niveau d'emploi».

On retire ainsi l'obligation de maintenir les centres d'entretien et de révision spécifiquement à Winnipeg, Mississauga et dans la Communauté urbaine de Montréal.

«Ils n'ont pas fait leurs devoirs», a tranché Fred Hospes, président du district 140 des transports de l'AIM, en parlant des libéraux de Justin Trudeau.«S'ils avaient fait leurs devoirs, ils auraient invité toutes les parties prenantes aux discussions. Ils auraient invité les syndicats de machinistes.» M. Hospes indique avoir demandé à plusieurs reprises une rencontre avec le ministre Garneau, sans succès.

Le député néo-démocrate Alexandre Boulerice, qui déposera la pétition aux Communes, rappelle que Justin Trudeau lui-même avait manifesté sur la colline parlementaire en soutien aux travailleurs ayant perdu leur emploi il y a quatre ans. À ses yeux, les libéraux font preuve d'une «hypocrisie» s'approchant de la «trahison» dans ce dossier.

«Une fois rendus au pouvoir, les libéraux n'ont pas voulu respecter la loi, ils ont trouvé un tour de passe-passe: on a juste à changer la loi. La pratique qu'on nous propose présentement avec C-10, c'est de rendre légale une perte d'emplois qui hier encore était illégale», a affirmé M. Boulerice.

Environ 1700 signatures ont déjà été recueillies depuis la semaine dernière.