Préoccupée par les conséquences potentielles des débats parfois mordants qui font actuellement rage sur la C Series, Bombardier demande aux politiciens et aux Québécois en général de faire preuve de « solidarité ».

Au cours d'un entretien téléphonique, hier, le grand patron des relations publiques de Bombardier, John Paul Macdonald, a tenu à rappeler que la nouvelle famille d'avions de 110 à 150 sièges, un projet « ambitieux », se colletait au « duopole » constitué des « titans » que sont l'américaine Boeing et l'européenne Airbus.

« Quand il y a des choses négatives qui se passent et qui sont rapportées dans les médias, ou s'il y a des échanges corsés à l'Assemblée nationale, Boeing et Airbus ne demandent pas mieux que de découper ces articles-là pour les montrer à nos clients et leur dire "pourquoi achèteriez-vous un avion de Bombardier ? Peut-être que l'entreprise ne sera pas là demain" et ainsi de suite. Alors je pense qu'on pourrait bénéficier d'un peu plus de solidarité face aux défis devant nous », a déclaré M. Macdonald.

Le porte-parole a fait ces commentaires à l'issue d'une rencontre de près de deux heures entre le PDG de Bombardier, Alain Bellemare, et le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault. C'est la multinationale qui avait sollicité le tête-à-tête. Le chef péquiste, Pierre Karl Péladeau, devrait se rendre au siège social de Bombardier la semaine prochaine.

« De telles discussions sont très importantes pour essayer de passer ces messages-là, pour aider les gens à comprendre que des fois, [les questions touchant Bombardier], c'est plus large que juste le Québec », a précisé John Paul Macdonald.

Depuis que Québec a annoncé un investissement de 1 milliard US dans la C Series, l'automne dernier, l'opposition a multiplié les déclarations fracassantes. Jeudi, M. Legault a soutenu que la perspective que les premiers ministres Philippe Couillard et Justin Trudeau prennent le contrôle de la C Series lui donnait « froid dans le dos ».

M. Macdonald a reconnu que les gens d'affaires n'avaient pas à intervenir dans les débats politiques, mais il a mis en garde contre les affirmations « qui peuvent nuire à l'avancement » de la C Series.

DEMANDES DE LEGAULT

De son côté, François Legault a profité de sa rencontre avec M. Bellemare pour lui demander de rouvrir l'accord conclu avec Québec afin d'y ajouter deux garanties : le maintien du siège social de Bombardier à Montréal et l'établissement d'un plancher d'emplois au Québec.

L'entreprise a opposé une fin de non-recevoir à ces demandes. « Il n'est pas question de renégocier, nous avons déjà une entente avec le gouvernement », a tranché John Paul Macdonald.

Au sujet du siège social, « nous n'avons pas l'intention de déménager », a-t-il assuré. Et pour ce qui est d'un plancher d'emplois, Bombardier n'y voit rien de bon. « Nous sommes une entreprise mondiale et il y a toujours des ajustements de main-d'oeuvre que devons faire en fonction du marché, a expliqué M. Macdonald. Avoir les mains liées avec un plancher d'emplois, ce n'est pas quelque chose qui est bien pour quelque entreprise que ce soit. »