Convaincu que les voyageurs canadiens préfèrent avoir plus d'argent dans leurs poches une fois à destination, un transporteur européen à bas prix tente une percée au pays en offrant des voyages transatlantiques depuis Montréal et Toronto à compter du mois de mai.

En passant par Reykjavik, en Islande, Wow Air offrira des liaisons vers une vingtaine de destinations européennes, dont Londres et Paris, pour environ 500 $, si, bien entendu, les voyageurs réservent à l'avance en plus de consentir à des concessions sur les questions d'horaire.

«Tant que les réservations se font à l'avance (...) vous devriez être en mesure de trouver de bons prix», explique le directeur général du transporteur islandais, Skuli Mogensen, au cours d'un entretien téléphonique.

Des réservations se font près de la date de départ et le nombre de places disponibles dans l'avion peut faire varier les prix à la hausse, convient toutefois celui qui a fondé Wow Air - qui compte actuellement quelque 175 employés - en 2011.

M. Mogensen dit appliquer le modèle d'affaires des transporteurs à bas prix, où l'on «paye pour les services que l'on utilise». Des frais supplémentaires s'appliquent ainsi pour l'enregistrement d'un bagage en soute ainsi que pour l'achat de nourriture.

Après Boston et Washington le printemps dernier, le dirigeant de Wow Air, qui a vécu à Montréal pendant une dizaine d'années, veut se faire une place au Canada, où, à son avis, les prix exigés par les transporteurs aériens pour aller en Europe sont trop élevés.

M. Mogensen, qui a créé OZ Communications à Montréal avant de vendre sa compagnie à Nokia en 2008, fait le pari que le comportement des voyageurs canadiens a changé et que ces derniers privilégient désormais l'option la moins coûteuse lorsque vient de temps de s'envoler vers l'étranger.

«Depuis la crise financière, les gens désirent dépenser une fois à destination, pas pour un siège dans un avion, explique-t-il. Le vol en soit est considéré comme de la marchandise.»

Afin d'être capable d'offrir des bas prix aux voyageurs, le dirigeant de Wow Air dit avoir mis en place une structure administrative qui permet de réduire les coûts.

Par exemple, il ne fait pas appel aux services d'intermédiaires qui prélèvent une commission sur la vente des billets, en plus minimiser ses dépenses de publicité en misant sur les commentaires effectués par les voyageurs sur des sites Web comme Tripadvisor.

«L'Internet est un patron exigeant, explique M. Mogensen. Les voyageurs font leurs devoirs et naviguent sur le Web avant d'arrêter leur choix.»

Wow Air exploite quatre Airbus A320 en Europe et devrait miser en mai prochain sur quatre appareils A321 pouvant transporter 200 personnes pour effectuer ses vols transatlantiques.

Même si Icelandair, le plus important transporteur d'Islande, offrira des liaisons entre Montréal et l'Islande en mai prochain, M. Mogensen est d'avis que sa compagnie saura tirer son épingle du jeu grâce à son offre de prix.

Si l'arrivée de Wow Air au Canada risque d'attirer certains consommateurs désireux de maximiser leurs économies, cela ne devrait pas avoir d'impacts négatifs sur des transporteurs comme Air Canada ainsi que le voyagiste Transat A.T., selon l'analyste David Tyerman.

«Certaines personnes seraient prêtes à faire n'importe quoi pour réduire leurs dépenses, comme passer du temps dans un aéroport lors d'une escale», explique l'analyste de Cannacord Genuity qui couvre notamment le secteur du transport aérien.

Si les bas prix sont souvent attrayants, M. Tyerman estime que certains consommateurs estiment que le jeu n'en vaut pas la chandelle en raison des escales ainsi que des autres frais exigés par ces types de transporteurs.

Lorsque vient le temps de magasiner, les Canadiens débutent souvent leurs recherches auprès de compagnies aériennes canadiennes pour finalement acheter leurs billets d'avions auprès de celles-ci.

«Je crois que les Canadiens représentent 70 pour cent des activités d'Air Canada», souligne M. Tyerman, à titre d'exemple.