Le chasseur Eurofighter Typhoon peut compter sur un solide appui dans le cadre du processus de remplacement des CF-18 canadiens.

«Je recommanderais [au gouvernement du Canada] d'étudier sérieusement le Typhoon», a déclaré hier le ministre de la Défense de Grande-Bretagne, Philip Dunne, en réponse à une question de La Presse Affaires au Salon aéronautique de Farnborough.

Les forces aériennes britanniques exploitent déjà le Typhoon, tout comme l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, l'Autriche et l'Arabie saoudite.

L'appareil est une collaboration entre des géants européens comme BAE Systems, Airbus et Alenia Aermacchi.

Le ministre britannique a affirmé qu'il avait comme priorité d'encourager d'autres pays à utiliser l'appareil. «Nous serions heureux de fournir de l'information à des utilisateurs potentiels comme le Canada», a-t-il déclaré.

Pourtant, les forces aériennes britanniques ajouteront à leur flotte le chasseur F-35, le Joint Strike Fighter. «Les deux plateformes sont complémentaires», a dit le ministre Dunne.

Le gouvernement canadien avait choisi le F-35 pour remplacer ses CF-18 vieillissants, mais des rapports négatifs, notamment du vérificateur général, l'ont forcé à refaire ses devoirs et à considérer les cinq appareils qui pourraient répondre à ses besoins: le F/A-18 Super Hornet de Boeing, le Rafale de Dassault, l'Eurofighter Typhoon, le Gripen de Saab et le F-35. Ottawa a demandé de l'information aux divers constructeurs. Saab s'est rapidement retirée du processus, mais les quatre autres constructeurs ont manifesté leur intérêt.

Le Canada n'a toutefois pas décidé s'il y aurait un processus formel d'appel d'offres ou s'il retournerait à son plan initial, le F-35.

La situation est délicate pour les constructeurs. «Nous avons répondu aux questions, nous avons coché les cases, mais nous ne sommes pas engagés dans une campagne de lobbying, a affirmé Martin Elbourne, directeur du développement des affaires chez Eurofighter. Nous suivons le processus.»

Rencontré dans une salle du pavillon d'Eurofighter au salon de Farnborough, en dessous d'une grande photo de la reine Élisabeth, M. Elbourne a tout de même fait valoir à La Presse Affaires les avantages du Typhoon. Contrairement au F-35, l'appareil a deux moteurs.

«Pour de longues distances, notamment en Arctique, le fait d'avoir deux moteurs est plus sécuritaire», a-t-il soutenu.

Il a aussi fait valoir que le Typhoon était un appareil en début de cycle, étant entré en service en 2003. «Il y a beaucoup de possibilités pour augmenter encore ses capacités» a-t-il déclaré.

M. Elbourne a reconnu que l'appareil était moins furtif que le F-35. Il a toutefois soutenu qu'un appareil pouvait se soustraire quelque peu aux radars grâce à sa maniabilité et à l'utilisation de missiles à longue portée eux-mêmes furtifs, mettant ainsi l'appareil à l'abri.

Il n'a pas voulu s'avancer sur le prix du Typhoon, affirmant que tous les candidats étaient sensiblement dans la même fourchette de prix.

Le Super Hornet

Le vice-président au développement de la force de frappe globale chez Boeing, Steve Nordlund, n'a pas non plus précisé le prix du Super Hornet, mais il a assuré que celui-ci était abordable.

Lui aussi a fait valoir le fait que l'appareil pouvait compter sur deux moteurs. Mais il a surtout souligné la fiabilité du Super Hornet, le successeur du CF-18 qu'exploite déjà le Canada.

Mais voilà, l'avenir de cette ligne de production est en question: le principal client du Super Hornet, la marine américaine, doit obtenir chaque année l'aval du Congrès américain pour passer de nouvelles commandes.

«Il y a des incertitudes, mais il y a aussi des certitudes, a soutenu M. Nordlund dans une entrevue avec La Presse Affaires. Année après année, les livraisons se font à temps, selon le budget prévu.»

Il a ajouté que Boeing assurera le service de l'appareil jusqu'à la fin de sa vie utile. Dans le cas de la marine américaine, on parle de 2040.

M. Nordlund n'a pas voulu donner de détails sur les retombées industrielles que Boeing générera advenant l'obtention du contrat de remplacement des CF-18, citant des raisons de concurrence.

«Nous avons fait nos preuves dans le passé, a-t-il affirmé. Nous pensons que nous aurons quelque chose de bien.»

Pour sa part, M. Elbourne a fait valoir que toutes les entreprises membres d'Eurofighter et leurs principaux fournisseurs participeront au programme de retombées, ce qui ouvrira de grandes possibilités aux entreprises canadiennes.

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QUATRE APPAREILS

F-35

Constructeur: Lockheed Martin

Premier vol: 2008

Heures de vol: 17 000

Nombre de moteurs: 1

F/A Super Hornet

Constructeur: Boeing

Premier vol: 1995

Heures de vol: plus de 750 000

Nombre de moteurs: 2

Eurofighter Typhoon

Constructeurs: BAE Systems, Airbus, Alenia Aermacchi, FinMeccanica

Premier vol: 1994

Heures de vol: 250 000

Nombre de moteurs: 2

Rafale

Constructeur: Dassault

Premier vol: 1986

Heures de vol: 120 000

Nombre de moteurs: 2