Le faible niveau d'eau au port de Montréal et dans la Voie maritime du Saint-Laurent force les armateurs à surveiller de près le chargement de leurs plus gros navires.

Hier, le niveau de l'eau au port était de 36 centimètres sous le «zéro des cartes», ou la normale saisonnière. Le port en a vu d'autres: en septembre 2007, le niveau d'eau à Montréal était tombé à 48 centimètres sous le zéro des cartes. Bien que moins critique, la situation actuelle a tout de même forcé un navire à décharger une partie de ses conteneurs à Halifax avant de prendre la direction de Montréal, a indiqué la directrice des communications du port, Michèle Beaubien.

L'armateur Canada Steamship Lines, dont les navires transportent du vrac, a dû réduire les chargements dans la région de Montréal, a confirmé à La Presse Affaires une porte-parole de l'entreprise.

Quand le niveau de l'eau descend, la distance entre le fond de la coque d'un bateau et le fond de l'eau rétrécit. Pour respecter un niveau de dégagement sécuritaire, les plus gros navires doivent réduire leur chargement. Le président de la Corporation des pilotes du Saint-Laurent Central, Michel Fortin, estime que cela concerne environ 20% des bateaux. Dans certains cas, note Michel Fortin, le faible niveau de l'eau peut obliger les pilotes des plus imposants navires à ralentir, ce qui allonge le temps de transit dans la région de Montréal.

Or, d'après l'administration portuaire, le faible niveau de l'eau et les contraintes qu'il entraîne ne pèsent pas trop sur les résultats du port, déjà affaiblis par la situation économique mondiale. Les trafics de marchandises et de vrac ont diminué respectivement de 4,5% et 7,2% jusqu'à maintenant en 2012, par rapport à 2011.

«Les bateaux doivent être plus légers, mais il y a présentement moins de conteneurs sur les bateaux de toute façon, souligne Michèle Beaubien, de l'administration portuaire. On reçoit les conteneurs qu'on devrait recevoir.»

En attendant, «on surveille la situation, les armateurs s'ajustent et on espère qu'il y ait de la pluie sur le lac Ontario!», ajoute Mme Beaubien.

En amont, dans la Voie maritime du Saint-Laurent, l'organisme binational qui gère la navigation a diminué le tirant d'eau maximal permis pour les navires qui circulent entre Montréal et le lac Ontario. Le tirant d'eau est la distance entre le niveau de l'eau et le fond d'un navire. Il varie avec le poids du chargement.

200 tonnes de moins sur la Voie maritime

Dans les conditions actuelles, le tirant d'eau permis est de 26 pieds et trois pouces, trois pouces de moins que la normale.

La nouvelle restriction entraîne une réduction d'environ 200 tonnes pour les navires qui approchent le tirant d'eau maximal, soutient Andrew Bogora, agent de communication de la Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent. C'est relativement peu, selon M. Bogora, considérant que les navires qui empruntent la voie ont un tonnage de 5000 à 18 000 tonnes. Le canal de Welland, entre les lacs Ontario et Érié, n'est pas affecté par la règle.

Le nombre grandissant de navires plus larges (classe Post-Panamax) pourrait atténuer l'impact des baisses de niveaux de l'eau au port de Montréal dans les prochaines années. Pour une même longueur, un navire plus large peut transporter plus de conteneurs sans modifier le tirant d'eau.

Baisse du niveau d'eau à Montréal

36: Niveau de l'eau à 36 centimètres sous la normale saisonnière

200: En tonnes, diminution du chargement pour les navires concernés par les restrictions sur la Voie maritime

4,5%: Diminution du trafic de marchandises au port de Montréal depuis le début de l'année (par rapport à 2011)