Bombardier Transport veut électrifier la ville. Ou, plus précisément, les modes de transport de la ville, ce qui comprend les autobus, les camions, les taxis et même les voitures.

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L'entreprise a profité d'un congrès de l'Union internationale des transports publics, la semaine dernière à Dubaï, pour présenter une nouvelle technologie de recharge de batteries sans contact, un système enfoui.

Pour les tramways, ce système permet de faire disparaître les câbles aériens.

«L'évolution est surtout esthétique, a déclaré le directeur du programme PrimoveCity de Bombardier Transport, Jérémie Desjardins, au cours d'une entrevue téléphonique à partir de Dubaï. Mais pour les autobus, l'évolution est majeure: on peut électrifier les autobus, ce qui constitue aujourd'hui un véritable défi.»

Bombardier a d'abord mis au point son système de transfert d'énergie par induction pour les tramways. En gros, un équipement placé sous le véhicule permet de créer un champ magnétique lorsqu'il passe au-dessus de câbles enfouis. L'entreprise a notamment testé sa technologie avec un prototype à ses installations d'Augsburg, en Allemagne.

«Nous sommes maintenant en train de participer à des appels d'offres avec cette technologie, nous sommes donc à une étape avancée en ce qui concerne les tramways», a indiqué M. Desjardins.

Test concluant

L'industrie de l'autobus s'est intéressée au concept, notamment parce que l'électrification de ce mode de transport présente actuellement des difficultés. La solution traditionnelle consiste à mettre en place des trolleybus.

«Il y a beaucoup de villes qui se lancent dans des programmes de trolleybus, mais il faut alors remettre des câbles aériens, ce qui, en matière d'urbanisme, n'est pas très sympa», a noté M. Desjardins.

L'autre solution est d'équiper les autobus de grosses batteries.

«Ça devient des monstres quant au poids, a fait observer M. Desjardins. Une solution enfouie dans le sol devient une très bonne solution.»

Bombardier a testé le système sur la piste d'un constructeur d'autobus à Lommel, en Belgique.

«C'est très concluant, a affirmé M. Desjardins. Maintenant, nous voulons lancer une ligne pilote commerciale avant la fin de 2012.»

Il a soutenu que les constructeurs d'autobus, les exploitants et les villes étaient enthousiastes.

«Si nous parvenons à commercialiser le système, nous tenons quelque chose de plutôt bien», a-t-il lancé.

Bombardier vise maintenant les taxis, les camions et même les voitures des particuliers.

«On peut imaginer quelqu'un qui rentre chez lui, qui met la voiture au garage et qui appuie sur une touche de son iPhone pour recharger la voiture pendant qu'il vaque à ses occupations.»

M. Desjardins a cependant admis qu'il restait encore beaucoup de travail à faire.

«Nous sommes encore loin d'avoir la solution, mais nous nous en approchons.»

Sans risque

Bombardier Transport n'est pas la seule entreprise qui travaille sur un système de transfert d'énergie par induction, mais M. Desjardins estime que le fabricant a une longueur d'avance.

«Les autres ne peuvent transférer que 30 à 40 kilowatts de puissance, alors que nous pouvons transférer de 160 à 200 kilowatts», a-t-il soutenu.

Il a ajouté que les autres entreprises travaillaient essentiellement sur des systèmes statiques. Pour se recharger, un véhicule doit s'arrêter pile sur un point précis pour absorber l'énergie nécessaire. M. Desjardins a affirmé que les véhicules n'auront pas besoin d'arrêter avec le système PrimoveCity de Bombardier. Il leur suffira de ralentir. Les concepteurs de réseaux enfouiront donc les câbles aux endroits où les véhicules sont susceptibles de ralentir, comme les intersections, les feux de circulation et les arrêts d'autobus. Ils pourraient également enfouir les câbles en bas de pentes raides, pour permettre aux véhicules de faire le plein avant l'effort.

M. Desjardins a assuré que le système de transfert d'énergie par induction ne présentait aucun danger. Pas question de faire griller les piétons ou les cyclistes.

«Ce n'est pas le genre de la maison», a-t-il lancé, expliquant que le système ne s'allumait que lorsqu'un récepteur validait l'identité du véhicule, doté d'une antenne spéciale. Le système s'éteint avant la fin du passage du véhicule.

«Il n'y a aucun champ magnétique qui vous passera à travers le corps», a assuré M. Desjardins.