Si Bombardier ne récolte pas bientôt de nouvelles commandes pour ses appareils régionaux, elle devra réduire sa cadence de production.

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Cette menace plane surtout au-dessus du turbo-propulseur Q400, mais elle pourrait également s'abattre sur le biréacteur régional CRJ.

«Notre carnet de commandes pour les avions commerciaux demeure un défi pour nous, surtout en ce qui concerne le Q400,» a déclaré le président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, en téléconférence hier, à l'occasion de la divulgation des résultats annuels de Bombardier.

Ces résultats ont d'ailleurs dépassé les attentes des analystes, ce qui a fait bondir le titre de Bombardier de plus de 13% à la Bourse de Toronto hier. L'action de catégorie B de Bombardier a clôturé à 7,13$.

Les commandes pour le Q400 représentent 13 mois de production, alors que Bombardier préfère avoir des commandes représentant 20 mois de production pour cet appareil. La situation pour le CRJ est un peu plus confortable: les commandes actuelles représentent 23 mois de production, alors que Bombardier vise 20 mois de production.

«Nous avons une plus grande marge de manoeuvre, mais nous n'avons pas eu beaucoup de commandes récemment, a déclaré M. Hachey. Nous voulons avoir assez de commandes pour assurer une bonne production en 2012.»

Bombardier cherchera donc énergiquement de nouvelles commandes.

«Au cours des deux ou trois prochains mois, nous surveillerons de près les commandes en fonction de notre cadence de production, a poursuivi M. Hachey. Nous déciderons alors si nous pouvons soutenir ce rythme.»

Il a expliqué qu'il s'agissait essentiellement d'un problème à court terme.

«Nous nous attendons à ce que les commandes reprennent graduellement en 2011 et augmentent de façon significative en 2012», a déclaré le patron de Bombardier Aéronautique.

Le Q400 est assemblé à Toronto alors que les CRJ sont assemblés à Mirabel.

Les choses semblent plus positives du côté des avions d'affaires, et notamment des appareils Global, mais Bombardier a pour politique de ne pas commenter les hausses ou les baisses de cadences dans ce secteur.

«Les perspectives sont très favorables», a simplement déclaré M. Hachey.

Le président de Bombardier Aéronautique s'est montré particulièrement optimiste au sujet de la CSeries, la nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places du manufacturier.

«Nous avons senti un renouveau d'intérêt au cours des six derniers mois, a-t-il affirmé. C'est dû à une variété de facteurs: le marché est en meilleure position, nos clients sont plus anxieux de s'assurer leurs futurs avions, et nous nous approchons de la mise en service. Avec le temps, les clients voient que ce n'est plus un simple avion sur papier, que c'est un véritable avion qui présentera tous les bénéfices dont nous avions parlé. Je pense que vous verrez beaucoup d'activité en fait de commandes en 2011.»

Il a soutenu que l'A320Neo, version de l'A320 dotée d'un moteur plus performant, n'avait fait perdre aucune vente à la CSeries. Il a rappelé que l'A320Neo était un plus gros appareil que la CSeries. Cette dernière famille entrera plutôt en concurrence avec l'A319.

«Nous ne savons pas encore s'il y aura un A319Neo, mais même si l'A319 est doté d'un nouveau moteur, il ne présentera que le tiers des améliorations de performance de la CSeries», a-t-il ajouté.

M. Hachey a affirmé que la CSeries entrera en service à la fin de 2013, comme annoncé, mais il a admis que Bombardier avait fort à faire pour rassurer ses clients, échaudés par les retards qui ont caractérisé le lancement de nouveaux appareils comme l'A380 et le Boeing 787.

Pour l'ensemble de l'exercice 2012, Bombardier a vu ses revenus diminuer légèrement de 19,4 milliards de dollars à 17,7 milliards. Toutefois, le bénéfice net a augmenté de près de 9%, passant de 707 millions à 769 millions, grâce notamment à une réduction des coûts.