La flambée des prix du pétrole a forcé Westjet (T.WJA) à augmenter ses tarifs à trois reprises depuis le début de l'année.

Par contre, le transporteur n'a pas touché aux tarifs des trajets reliant Montréal, Toronto et Ottawa, un triangle particulièrement stratégique où la concurrence est vive.

Très présente sur ces trajets, Porter Airlines, qui utilise des appareils turbopropulsés Q400 très peu gourmands, n'a pas haussé ses tarifs ni imposé de surcharge.

«La dernière fois que nous avons imposé une surcharge, c'était en 2008, a rappelé le président et chef de la direction de Porter, Robert Deluce, lors d'un entretien téléphonique avec La Presse Affaires. Le prix du baril approchait les 150 dollars. À l'heure actuelle, il n'est pas nécessaire d'imposer une telle surcharge, surtout avec l'avantage que nous donne le Q400 de Bombardier.»

De son côté, Air Canada n'a pas voulu préciser les gestes qu'elle a dû faire pour affronter l'augmentation du prix du carburant.

«Pour demeurer compétitifs, nous ajustons nos tarifs régulièrement pour diverses raisons, y compris les coûts d'exploitation, l'offre et la demande et le prix du pétrole», a indiqué la porte-parole du transporteur, Isabelle Arthur.

La hausse actuelle des prix du pétrole inquiète l'ensemble de l'industrie mondial du transport aérien. Elle pourrait notamment compromettre la reprise du secteur.

Selon l'Association du transport aérien international (IATA), le trafic passagers a augmenté de 8,2% en janvier 2011 par rapport à janvier 2010, alors que le fret aérien a enregisté une croissance de 9,1%.

«L'annonce commence avec de bonnes nouvelles, a affirmé Giovanni Bisignani. La plupart des indices importants laissent entrevoir un renforcement du commerce mondial et de la croissance économique, ce qui est bon signe pour l'industrie. Mais nous surveillons tous attentivement les événements qui surviennent au Moyen-Orient. L'instabilité de la région a fait exploser les prix du pétrole.»

L'IATA prévoyait une bonne année en 2011, avec des profits de 9,1 milliards de dollars pour l'ensemble de l'industrie. Cela correspondait à une marge bénéficiaire nette de 1,5% sur des revenus de 598 milliards de dollars. Mais voilà, l'association avait basé cette prévision sur un prix annuel moyen de 84$ pour le baril de pétrole. Or, le prix du baril dépasse présentement les 100$. L'IATA entend réviser ses prévisions demain matin.

«Pour chaque dollar d'augmentation, l'industrie doit assumer des coûts additionnels de 1,6 milliard, a indiqué le directeur général et chef de la direction de l'IATA, Giovanni Bisignani, dans un communiqué. Même avec les bonnes nouvelles concernant le trafic, 2011 s'annonce compliquée pour les compagnies aériennes.»

Richard Aboulafia, analyste de la firme américaine Teal Group, croit qu'il pourrait être difficile de hausser les prix des billets pour couvrir la hausse des prix du carburant parce que la croissance des dépenses allouées aux déplacements est encore fragile.

«Cela pourrait constituer un obstacle à la reprise de l'industrie du transport aérien», a-t-il déclaré.

Les dernières semaines ont d'ailleurs été difficiles pour les transporteurs aériens sur les Bourses mondiales. Air Canada a notamment vu son titre chuter de 17,7% depuis le 11 février à la Bourse de Toronto. Westjet a souffert un peu moins, avec une baisse de 3,8% depuis le 14 février. Pour Transat, la baisse est de 3,2% depuis le 17 février.

Selon l'IATA, le trafic passagers a augmenté de 8,7% en janvier 2011 en Amérique du Nord. La capacité a toutefois augmenté davantage, soit de 10%. Cela signifie que le coefficient d'occupation a baissé de près d'un point de pourcentage pour se situer à 77,2%.